Un membre de la GRC retraité et une famille de l'Île-du-Prince-Édouard unissent leurs forces pour lancer de nouveau un appel à la population afin d'obtenir des renseignements concernant l'un des plus vieux cas non résolus de la province.
Eileen Faye Williams n'avait que 19 ans lorsqu'elle a été vue pour la dernière fois, le 6 août 1962. La jeune femme était la cadette d'une famille de sept enfants ayant grandi à Beach Point, à l'Î.-P.-É. Eileen avait déménagé à Hamilton, en Ontario, quelques années plus tôt, mais elle revenait à la maison chaque été pour visiter sa famille. C'est lors d'un de ces voyages annuels qu'elle est disparue.
« Selon les renseignements recueillis à l'époque, Eileen songeait à aller à une fête à Montague, le soir de sa disparition, » déclare le caporal Alexis Triantafillou du Groupe des crimes majeurs de la GRC à l'Île-du-Prince-Édouard. « Elle a été vue pour la dernière fois le 6 août 1962, vers 19 h, tout juste en dehors de Montague, sur la route qui mène vers Murray River et Beach Point. »
À ce moment-là, elle portait un chandail en molleton vert et des pantalons noirs avec une rayure blanche. La GRC et des bénévoles ont mené des recherches intensives dans le secteur au cours des semaines et des mois qui ont suivi le moment où Eileen avait été vue pour la dernière fois. Son billet d'avion de retour pour Hamilton n'a jamais été utilisé et son compte bancaire n'a enregistré aucune activité pendant plusieurs années, jusqu'à ce qu'il soit confié aux membres de sa famille encore vivants. La disparition d'Eileen est considérée comme suspecte.
Soixante ans plus tard, tous les membres de la famille immédiate d'Eileen sont décédés, mais bon nombre de nièces, de neveux et de cousins d'Eileen vivent toujours et gardent un excellent souvenir d'elle. Ils diffusent des images d'Eileen, qui n'avaient jamais été rendues publiques, dans le but de raconter son histoire et de demander encore une fois à la population de les aider à la retrouver.
« Nous savons que le temps ne joue pas en notre faveur et que ceux qui savent ce qui est arrivé à Eileen ne seront probablement pas ici encore longtemps, » écrit la famille d'Eileen dans une déclaration qui vient tout juste d'être publiée. « Nous voulons que les gens sachent qu'Eileen était une fille, une sœur, une tante, une cousine et une amie – il ne se passe pas une journée sans que nous pensions à elle. »
Voir la déclaration intégrale de la famille.
Déclaration de la famille d'Eileen Faye Williams
Notre famille parle encore souvent de tante Eileen, même 60 ans après qu'elle a été vue pour la dernière fois. Elle n'avait que 19 ans lorsqu'elle est disparue, mais elle avait déjà tant accompli. Elle avait terminé l'école secondaire, suivi des cours de sténographie et décroché un emploi comme secrétaire dans un cabinet d'avocats à Hamilton, en Ontario. Elle y vivait avec sa sœur Eva et elle partageait une chambre avec deux jeunes nièces. Nous nous souvenons qu'elle jouait avec nous, nous chatouillait, nous donnait des gâteries et faisait des sorties avec nous.
Eileen était le bébé de la famille et elle était très proche de ses frères et sœurs. Chaque été, elle revenait à la maison, à Beach Point, pour visiter la famille. Elle apportait toujours des présents à ses nièces et à ses neveux lorsqu'elle revenait à la maison. Nous étions si heureux de savoir qu'elle viendrait nous visiter; ce n'était pas simple d'avoir une tante qui vivait en Ontario. Elle était si populaire et tellement belle. Elle était extravertie et gentille et elle aimait s'amuser.
Le jour où on l'a vue pour la dernière fois, sa belle-sœur, Pearle, l'avait amenée à Montague. Elle l'avait déposée au bureau de poste afin qu'elle puisse envoyer des cartes postales. Eileen avait l'intention de faire des commissions et de visiter quelques-unes de ses amies du secondaire. Elle a dit à Pearle que si elle ne restait pas avec ses amies, elle retournerait à Beach Point et irait peut-être à une fête qui avait lieu sur la plage ce soir-là. On a vu Eileen pour la dernière fois vers 19 h alors qu'elle quittait Montague, probablement pour faire de l'autostop pour rentrer à la maison, à Beach Point.
Eileen n'étant pas revenue cette soirée-là, sa famille a cru qu'elle était restée avec ses amies. Toutefois, n'étant pas revenue le lendemain non plus, sa famille a commencé à s'inquiéter et a commencé à la chercher. Le surlendemain, sa famille a signalé sa disparition à la GRC à Montague, qui a immédiatement lancé des recherches et ouvert une enquête. Les jours, les semaines et les mois qui ont suivi ont été extrêmement difficiles pour tous les membres de la famille et les amis d'Eileen. Sa sœur Esther attendait un enfant à cette époque-là, et les membres de la famille se souviennent qu'Esther était tellement bouleversée qu'ils s'inquiétaient aussi pour elle.
Ce fut une période traumatique pour la communauté entière. De nombreuses personnes à Montague se souviennent des groupes de recherche. Plus de 150 bénévoles ont fouillé chaque pied carré séparant Montague de Beach Point. Les hommes, bâtons à la main, fouillaient les herbes en bordure de la route. Des recherches intensives ont été menées dans le secteur marécageux situé en dehors de Montague.
La mère d'Eileen est décédée l'année suivante. Certains disent que c'est son cœur brisé qui l'a emportée. Son père est décédé deux ans plus tard. Ses parents n'ont jamais eu de réponses sur ce qui était arrivé à leur fille.
Tous les frères et sœurs d'Eileen sont maintenant décédés, mais bon nombre de nièces, de neveux et d'autres membres qui l'ont connu et qui l'ont aimé vivent toujours, et ils cherchent toujours des réponses. Nous voulons que les gens sachent qu'Eileen était une fille, une sœur, une tante, une cousine, une amie – il ne se passe pas une journée sans que nous pensions à elle.
Nous avons toujours l'espoir qu'on la retrouvera et que nous obtiendrons les réponses que toute sa famille attend depuis 60 ans.
Nous savons que le temps ne joue pas en notre faveur et que ceux qui savent ce qui est arrivé à Eileen ne seront probablement pas ici encore longtemps. Si vous avez des renseignements qui pourraient nous aider à ramener Eileen à la maison, s'il vous plait, communiquez avec la police. Si vous étiez dans les environs au moment de sa disparition et si vous savez ce qui s'est passé cette soirée-là, même si vous croyez que les renseignements que vous avez sont insignifiants, s'il vous plait, communiquez avec la police.
S'il vous plait, manifestez-vous afin que la famille d'Eileen puisse mettre un point final à ce chapitre et tourner la page. Aidez-nous à ramener Eileen à la maison.
Lettre de la nièce d'Eileen Faye Williams
Lorsque nous étions petits, nous n'avions pas beaucoup d'argent. Je me souviens qu'une année, à Noël – j'ai dû avoir 7 ans, donc en 1961 – j'ai reçu un cadeau de Tante Eileen. Elle vivait en Ontario à l'époque. Ma mère était tellement heureuse de voir la belle grosse boîte qui contenait le cadeau et si certaine que c'était une nouvelle robe qu'elle m'a laissée ouvrir mon cadeau plus tôt que prévu pour que je puisse porter la robe au concert de Noël de l'école (une école ayant une seule pièce à cette époque). Eh bien, nous avons ouvert le cadeau, pour constater que c'était une magnifique robe de chambre piquée rose. Nous en avons beaucoup ri pendant les années qui ont suivi. Bonjour la nouvelle robe rose pour le concert! Mais cet événement témoigne de sa générosité et de sa gentillesse, surtout qu'elle n'était qu'une adolescente à l'époque.
Je souhaite remercier mille fois la GRC à l'Île-du-Prince-Édouard d'avoir rouvert l'enquête. Le fait que vous soyez prêts à consacrer du temps à travailler sur ce cas après tant d'années pour tenter de trouver des réponses nous touche beaucoup.
Pauline Campbell, nièce d'Eileen Faye Williams
Les demandes d'entrevue avec la famille d'Eileen Faye Williams seront organisées par l'agent des relations avec les médias de la GRC à l'Île-du-Prince-Édouard.
Le caporal Alexis Triantafillou a consulté le dossier d'Eileen la première fois en 2019. Il s'est immédiatement senti interpellé.
« Elle n'était qu'une jeune fille. Elle a tellement de proches qui tiennent évidemment encore beaucoup à elle, » dit le caporal. « Cette histoire m'a marqué. Eileen mérite qu'on la trouve. Elle mérite de rentrer à la maison. »
Le caporal Triantafillou prend sa retraite après 27 ans de service avec la GRC. Il appelle les membres de la population ayant des renseignements qui pourraient aider la police à retrouver Eileen ou à découvrir ce qui lui est arrivé au moment de sa disparition à se manifester.
« Étant donné qu'il s'est écoulé beaucoup de temps depuis sa disparition, ceux qui ont connu Eileen ou qui ont pu avoir été impliqués dans sa disparition sont décédés ou auraient un âge bien avancé, » déclare le caporal Triantafillou. « Nous espérons que ces nouveaux renseignements aideront à éveiller des souvenirs ou qu'ils encourageront les gens à donner des renseignements qu'ils n'avaient jamais révélés avant. Tout comme la famille d'Eileen, je garde l'espoir qu'on la retrouvera. »
Si vous avez des renseignements au sujet de la disparition d'Eileen Faye Williams en 1962, veuillez communiquer avec le Groupe des crimes majeurs de la GRC à l'Île-du-Prince-Édouard au 902-566-7112. Pour conserver l'anonymat, vous pouvez communiquer avec Échec au crime au 1-800-222-8477.