Mot d’ouverture devant le Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes (SECU)

23 juin 2020
Ottawa (Ontario)

Déclaration

Priorité au discours prononcé

Monsieur le président et membres du Comité, bonsoir. Je vous remercie de m'avoir invitée à vous entretenir de ces questions cruciales.

J'aimerais faire remarquer que nous nous trouvons sur un territoire non cédé de la nation algonquine.

Les dernières semaines ont été extrêmement difficiles pour les Canadiens, les communautés autochtones, la communauté noire, les communautés racisées et les policiers.

Ces événements ont déclenché un dialogue crucial au pays. Je suis à l'écoute et les appels à l'action ont été entendus.

Dans ce mot d'ouverture, j'entends préciser les initiatives de modernisation en cours à la GRC dans la foulée des événements récents.

Lorsque j'ai été nommée commissaire il y a deux ans, j'ai déclaré : « J'entends remettre en doute les idées reçues et demander des explications pour comprendre les raisons derrière notre mode de fonctionnement. Cela signifie qu'aucun effort ne sera ménagé, et que nous poursuivrons notre travail jusqu'à ce que tous les problèmes à régler soient débusqués. »

Les événements des deux dernières semaines ont raffermi notre résolution à faire changer les choses et à accentuer nos démarches pour :

  • servir, protéger et refléter toutes les communautés;
  • réaliser la réconciliation avec les communautés autochtones et racisées;
  • et renforcer nos liens fondés sur la reconnaissance des droits, le respect, la confiance mutuelle, la collaboration et le partenariat.

Notre organisation n'est pas parfaite, mais nous continuerons d'apprendre, de grandir et d'évoluer.

Je suis vraiment fière d'être à la tête des quelque 30 000 employés de la GRC qui ont ma plus grande estime pour ce qu'ils accomplissent chaque jour afin de servir les Canadiens avec dévouement et professionnalisme. Ils le font dans un esprit d'équité et par désir de protéger les plus vulnérables aux quatre coins du pays et dans le monde entier.

Permettez-moi d'ajouter que nous sommes déterminés à relever et à supprimer toute forme de racisme et de discrimination au sein de notre organisation.

Des employés et leur famille m'ont dit être démoralisés par les propos hostiles tenus à l'égard de la police qui mettent injustement tout le monde dans le même bateau.

Toutefois, reconnaître que le racisme systémique existe à la Gendarmerie ne revient pas à dire que tous les employés sont racistes.

Il s'agit plutôt de reconnaître les façons dont une organisation crée ou maintient les iniquités raciales, souvent causées par des préjugés subtils et involontaires dans les politiques, les pratiques et les processus institutionnels qui privilégient ou désavantagent certains groupes.

J'ai échangé avec de nombreuses personnes. Par suite de ces échanges, j'ai compris à quel point le débat est vivifiant pour mon organisation.

J'ai discuté avec des leaders autochtones, dont le sénateur Murray Sinclair, qui a suggéré que nous nous penchions sur le recrutement et sur la formation, et la commissaire à l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (FFADA), Marion Buller, qui m'a parlé de notre engagement à collaborer avec les communautés et à apprendre de celles‑ci pour réellement accomplir des progrès dans notre démarche.

J'ai écouté les employés autochtones, actuels et anciens, qui m'ont rappelé l'importance de revenir aux racines de la police communautaire, et d'être en lien avec les gens.

Maintenant, que fait la GRC pour renforcer cette confiance et contrer le racisme systémique?

J'aimerais vous parler de ce que nous avons fait jusqu'à présent.

Mesures prises jusqu'à présent

J'ai reçu un mandat clair, celui de moderniser et de transformer la culture de l'organisation.

En un peu plus de deux ans à peine, nous avons fait des progrès considérables.

J'ai reçu des commentaires tant de l'interne que de l'externe : du Conseil national de la diversité et de l'inclusion de la GRC, de mon Comité consultatif national sur les Autochtones et de dirigeants communautaires, plus particulièrement des communautés noires et autochtones.

J'ai mis sur pied un nouveau groupe consultatif qui se penche sur les expériences vécues par les Autochtones et qui est composé d'actuels et d'anciens employés autochtones de la GRC.

Nous examinons attentivement nos politiques, nos programmes, nos processus de recrutement, notre formation et nos pratiques sous l'angle de la diversité et de l'inclusion pour mieux comprendre certains obstacles non intentionnels et faire le nécessaire pour les éliminer.

Le leadership fondé sur le caractère est intégré aux pratiques en matière de recrutement, de formation et de promotion.

Nous avons ajouté du contenu sur l'histoire des Autochtones à la matière enseignée aux cadets et intégré plusieurs traditions autochtones à celles de la GRC, comme le port par les employés autochtones d'objets culturels, comme la plume d'aigle et l'écharpe métisse, lorsqu'ils revêtent la tunique rouge.

Nous avons actualisé nos programmes nationaux de formation en ajoutant notamment une formation améliorée sur la sensibilisation culturelle et une formation sur les préjugés inconscients et sur la prise en compte des effets des traumatismes.

Et nous avons augmenté la participation de la GRC à des initiatives de justice réparatrice partout au pays.

Plan d'action

Pour en faire davantage afin de contrer le racisme systémique, nous redéfinissons nos priorités et améliorons notre plan d'action en vue d'apporter des changements sur tous les plans, que ce soit en matière de recrutement, de formation, de production de rapports et de reddition de comptes.

Il nous faut redoubler d'efforts pour recruter des effectifs plus diversifiés afin d'être plus représentatifs des collectivités que nous servons.

Nous nous efforçons d'éliminer, de nos processus de recrutement et de formation, tout préjugé involontaire qui pourrait avoir des effets néfastes et inappropriés sur certaines couches de la société.

Nous revoyons par ailleurs nos pratiques de réinstallation et examinons la possibilité de recourir au recrutement axé sur les lieux afin que les policiers demeurent dans les communautés où ils ont déjà des liens ou des racines.

Nous devons également continuer de nous pencher sur nos modèles de services policiers et de chercher, en collaboration avec les collectivités que nous servons, des solutions qui seront menées à bien pour et par les communautés.

Recours à la force

Centrée depuis toujours sur la police communautaire, la GRC répond en moyenne à 2,8 millions demandes de service par année.

Il y a recours à la force dans moins de un pour cent des cas. Plus de 99 p. 100 des incidents sont réglés grâce à la communication et à la désescalade, et non par le recours à la force.

Pour les rares incidents où il y a recours à la force, notre formation et nos protocoles font en sorte que nous n'utilisons que le minimum de force nécessaire. S'il y a lieu, nous misons sur des techniques de désescalade et d'intervention en situation de crise.

Reddition de comptes

Lorsqu'il s'agit de tenir les employés responsables de leur conduite, nous avons mis en place des politiques opérationnelles exhaustives visant à garantir transparence, reddition de comptes et ouverture.

La profession policière est soumise à un large éventail de mécanismes de reddition de comptes. Il y a la surveillance par les tribunaux ainsi que les enquêtes, les commissions et les examens indépendants.

Nous nous consacrons entièrement à améliorer cette grande organisation jour après jour.

Conclusion

Notre but est de faire de la GRC le service de police le plus respecté et le plus digne de confiance au monde. Un service de police qui a tissé des relations solides avec tous les Canadiens et, en particulier, les communautés autochtones, noires et racisées.

Nous devons donner plus d'espace aux discussions difficiles et poursuivre celles déjà en cours. C'est l'occasion de prendre les devants et d'apporter un véritable changement. Et c'est ce que nous nous sommes engagés à faire.

Merci. Je serai heureuse de répondre à vos questions.

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