Karen Adams - Une carrière de 28 ans qui en a valu la peine

Karen Adams ne peut s'empêcher de rire en pensant à l'instructeur dur à cuire très frustré qui essayait d'enseigner à la première troupe de femmes de la GRC le numéro très précis d'exercice à exécuter durant la remise des diplômes.

« Il était tellement frustré qu'il a brisé sa canne d'exercice en la frappant sur son genou, raconte-t-elle en riant alors qu'elle se rappelle cet incident survenu peu après Noël en 1975. Ces cannes sont sacrées pour un instructeur d'exercice et je n'oublierai jamais la stupéfaction sur son visage lorsqu'elle s'est brisée. »

Mme Adams est maintenant à la retraite et vit à Edmonton. Elle avait 22 ans lorsque son père l'a réveillée un matin de mi-mai 1974 dans la résidence familiale de Winnipeg pour lui dire que la GRC acceptait les demandes d'emploi de femmes pour devenir policière.

Moins de quatre mois plus tard, elle et 31 autres femmes de partout au pays ont été assermentées dans la première troupe de femmes policières de la GRC. Peu après, Mme Adams était en route pour l'École de la GRC à la Division Dépôt à Regina (Sask.) pour faire partie de la troupe 17 et marquer l'histoire de la GRC.

Au fil des ans, il y a eu de plus en plus de possibilités de spécialisation pour les femmes, mais elle a su très tôt qu'elle voulait retourner à la Division Dépôt à titre d'instructrice.

« J'avais envie d'inspirer les autres à réaliser leur plein potentiel », explique-t-elle. Sur ses 28 ans de carrière à la GRC, elle a passé une douzaine d'années à enseigner aux cadets. Après sa retraite de la GRC, elle a entrepris une deuxième carrière en enseignement à l'université MacEwan d'Edmonton dans le programme d'application de la loi, qu'elle a poursuivie jusqu'à l'année dernière.

Certains cours qu'elle a suivis alors qu'elle étudiait en travail social l'ont inspirée à devenir policière. Ça et, l'admet-elle à contrecœur, la policière de la série télévisée populaire à l'époque, Ironside (L'homme de fer). Eve Whitfield, jouée par Barbara Anderson, était forte, compétente et jolie, se rappelle Mme Adams. Elle admet en riant que c'était idiot, mais affirme que le personnage l'a interpellée. « Je n'avais jamais vu une femme dans un tel rôle! »

Après une carrière variée de 28 ans comme policière, cinq déménagements et sept affectations, ce dont Mme Adams est le plus fière est d'avoir réalisé tout ça tout en élevant deux filles brillantes, autonomes et fortes qui sont ses meilleures amies. Devenue mère monoparentale alors que sa plus jeune avait deux mois, elle a dû surmonter de nombreux défis, mais sa famille de trois s'est débrouillée. « Nous avons fait ce que nous avions à faire pour avoir la famille que nous voulions », affirme-t-elle avec fierté.

De plus, elle est très proche de sa sœur cadette Shelley Marsh (née Somers), qui a suivi ses traces et postulé à la GRC en 1977. Elles sont devenues les premières sœurs à la GRC. « Ironiquement, j'étais affectée au Manitoba et elle, à Penticton en Colombie-Britannique. Nous n'avons jamais servi dans la même division (province), mais nous avons vécu des expériences similaires. Elle aussi a eu une carrière extraordinaire. »

Lorsqu'on lui a demandé comment c'était d'être la première femme assermentée dans un détachement, Mme Adams a raconté deux anecdotes. La première porte sur le jour où elle s'est présentée à Thompson (Man.), fraîchement sortie de la Division Dépôt. Elle a dit à la personne à la réception pourquoi elle était là et a demandé à voir le chef. Elle raconte en riant que quelques minutes plus tard, plein de têtes ont commencé à poindre dans tous les coins. « Ils voulaient tous voir la femme qui allait changer leur monde. »

La deuxième concerne la première arrestation qu'elle a faite en compagnie de son agent de formation. On avait reçu le signalement d'un homme et d'une femme intoxiqués dans un bar qui se trouvait en face du détachement. Lorsqu'il est devenu évident que le couple devait être arrêté, son agent de formation s'est occupé de la femme et elle, de l'homme. « Tandis que nous les faisions entrer dans le fourgon cellulaire, j'ai regardé de l'autre côté de la rue et vu que tout le monde était dans les fenêtres et m'applaudissait. »

« Il ne fait aucun doute que ça n'a pas été une carrière facile, mais le jeu en a valu la chandelle », dit-elle.

« Certains ont eu du mal à accepter des collègues policières à la GRC », dit-elle, en s'empressant d'ajouter que « la plupart des membres régulières des premières années n'auraient pas réussi sans le soutien et l'amitié des hommes qui les entouraient. »

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