La GRC devrait elle offrir une formation de sensibilisation concernant la communauté LGBTQ2 à ses employés?+ ?

Rielly Knock

Membre régulier travaillant à Saskatoon, en Saskatchewan. Rielly est un homme transgenre qui s'identifie comme bisexuel.

Pensez-vous qu'il est important que la GRC s'efforce d'informer et de sensibiliser les employés au sujet de la communauté LGBTQ+ ?

D'après mon expérience, il arrive souvent que des situations perçues comme étant de mauvais traitements ou de la discrimination découlent du fait qu'on ne sait pas quoi dire ou comment agir. Lorsque nous présentons des séances d'information et que nous partageons nos connaissances personnelles avec des policiers qui n'ont aucune expérience des relations avec des membres de la communauté LGBTQ+ , nous aidons ces policiers à comprendre comment agir en faisant preuve de tact afin que chacun se sente respecté.

Le nouveau cours de la GRC sur la sensibilisation à l'endroit des personnes 2SLGBTQ+ est très utile. Tout le monde peut le suivre et en tirer profit, mais il s'adresse davantage aux policiers qu'aux civils puisque les agents de police sont normalement ceux qui interagissent le plus souvent avec les personnes des communautés marginalisées. L'intersectionnalité est certainement un facteur. Certains membres de la communauté LGBTQ+ se retrouvent sans abri ou marginalisés d'une autre façon. Ces facteurs qui se chevauchent peuvent rendre une personne vulnérable et l'amener à interagir avec la police plus souvent que les membres de la population en général. Tout ce qui peut aider les policiers à faire en sorte que les personnes marginalisées se sentent en sécurité mérite d'être fait. La formation est essentielle parce que lorsque nous en savons plus, nous faisons mieux.

Depuis trois ans, j'offre une présentation intitulée « Trans 101 » aux employés de la GRC partout au pays. Je savais que la plupart des gens n'avaient pas l'expérience des relations avec la communauté transgenre, car nous ne représentons qu'un faible pourcentage de la population. Je voulais communiquer l'information directement aux gens afin qu'ils ne disent, ne fassent ou ne demandent pas les mauvaises choses par crainte d'offenser quelqu'un. Lorsque je m'adresse à un public, j'essaie d'incarner les enjeux dont je parle. Cela aide beaucoup de gens à comprendre ces enjeux plus facilement que s'ils suivaient un cours ou regardaient une vidéo.

Que signifie pour vous l'acronyme LGBTQ+ ?

Pour moi, il s'agit de la communauté, du fait d'être vu et accepté. L'acronyme veut dire que peu importe qui tu es, il y a une place pour toi dans la communauté et que tu n'es pas seul.

J'utilise l'acronyme 2SLGBTQ+, qui a été initialement mis de l'avant par l'organisation OUTSaskatoon. Reconnaissant que les peuples autochtones du Canada étaient ici en premier, l'organisation a mis la notion de personne bispirituelle au début de l'acronyme.

Étant un employé au sein de la GRC, quelle a été votre expérience en tant que membre de la communauté diversifiée sur le plan du genre?

L'expérience a été extrêmement positive. Lorsque je me suis joint à la GRC il y a quatorze ans, je m'identifiais en tant que lesbienne. La GRC en était à un stade où mes collègues semblaient penser qu'ils devaient me parler de tous les gais et lesbiennes qu'ils connaissaient; ils voulaient me démontrer qu'ils acceptaient cette réalité. Maintenant, de façon générale, ce n'est pas un problème.

Quand j'ai commencé ma transition, je travaillais déjà depuis huit ans, j'étais bien établi en Saskatchewan et je travaillais dans une petite division où tout le monde se connaît. J'étais un peu inquiet de la façon dont les gens réagiraient. Je ne pensais pas que ce serait plus facile ou plus difficile, mais je savais que ce serait une expérience moins privée que si je faisais ma transition dans une grande ville. D'abord, j'en ai parlé à un cadre supérieur, qui était également un ami en qui j'avais confiance. Cette personne a parlé à son gestionnaire, qui m'a entièrement appuyé. Ils m'ont dit que la GRC n'avait pas de politiques officielles sur la transition de genre et qu'ils ne savaient pas exactement quels étaient mes besoins, mais qu'ils me soutenaient totalement.

Les seules réactions négatives auxquelles j'ai fait face venaient de personnes qui, craignant de dire ou de faire la mauvaise chose, ont décidé de ne rien dire ou de ne rien faire. Puisque les personnes transgenres représentent une petite portion de la population, peu de gens ont une expérience personnelle de la question. Bon nombre de mes collègues ne savaient tout simplement pas quoi dire. J'ai été ouvert et franc et tôt ou tard, tout le monde s'est détendu et m'a soutenu.

Quelle est l'importance de l'alliance inclusive?

À mon avis, il y a une différence entre agir en tant qu'allié et agir en tant que champion. Les alliés nous aident à accroître notre visibilité et à obtenir l'acceptation de la collectivité dans son ensemble. Cependant, les alliés sont passifs. Si vous voulez vraiment aider, le moyen le plus efficace est de devenir un champion. Dénoncez la discrimination et le harcèlement. Il faut prendre la parole lorsqu'une personne fait ou dit quelque chose d'inacceptable ou de blessant. Lorsque nous avons des personnes autour de nous qui nous aident sur le plan de la sensibilisation, cela nous aide à nous faire accepter. Les champions ne doivent pas nécessairement occuper des postes aux niveaux supérieurs. Tout le monde peut agir en tant que champion dans la vie de tous les jours.

Date de modification :