Vol. 79, Nº 3Éditorial

Un policier porte un coffre-fort.

Sur la voie de la « cybercompétence »

Crédit : Serge Gouin, GRC

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Le rançongiciel de portée mondiale qui a récemment touché des centaines de milliers de personnes illustre bien ce que les services de police savent déjà : les cybercrimes sont de plus en plus fréquents et de plus en plus graves.

En 2015, la GRC a mis en place sa stratégie anti-cybercriminalité, qui vise à réduire les risques de délits informatiques ainsi que l'incidence et le nombre de victimes de ces délits au Canada.

Le présent numéro montre comment la GRC maintient l'ordre et le droit à l'ère du numérique.

Dans l'article principal, Deidre Seiden, qui a vu à Ottawa l'Équipe d'enquête sur les cybercrimes de la GRC faire avancer une affaire en cours depuis des mois, décrit le fonctionnement de la nouvelle équipe et le rôle qu'elle joue dans une perspective nationale et mondiale.

La valeur d'une enquête tenant à celle des renseignements recueillis, le Centre national de coordination du renseignement a mis sur pied une équipe de cyberrenseignement ayant pour tâche de rassembler de l'information et de repérer les possibilités d'action pour les groupes d'enquête. L'équipe cible les pirates informatiques et suit leurs empreintes numériques.

Sur le versant criminalistique des délits informatiques, Mme Seiden découvre comment les groupes de la criminalité technologique contribuent aux enquêtes par la saisie et le traitement des éléments de preuve numériques – une expertise capitale à l'heure des progrès technologiques ultrarapides.

La technologie devenant accessible à de plus en plus de gens, y compris des criminels, le besoin de telles unités spécialisées croît en flèche. Pour gérer ce fort volume de travail, la GRC a, en Colombie-Britannique, lancé un programme de triage sur place de la preuve numérique. Le programme enseigne à des non-spécialistes comment savoir si un appareil contient ou non des éléments de preuve avant son envoi au service d'analyse judiciaire, où les délais sont longs. Le triage sur place met rapidement des informations probantes entre les mains des enquêteurs.

Technophiles ou non, les policiers de première ligne doivent suivre l'évolution de la technologie et du droit qui s'y rapporte. Amelia Thatcher écrit au sujet du Cybercrime Investigations Workshop, un cours intensif sur les crimes informatiques et technologiques donné en Nouvelle-Écosse. Le cours d'une journée fournit aux policiers les connaissances et les outils pas-à-pas dont ils ont besoin pour enquêter sur ce type d'affaires.

C'est une tâche colossale que celle de repérer les images d'exploitation juvénile et d'arrêter les prédateurs en ligne, et quand une infraction est en cours, une intervention immédiate s'impose.

La GRC recourt à l'intelligence artificielle pour analyser et repérer, parmi des millions de photos, celles qui sont le plus susceptibles d'être illicites. L'algorithme utilisé élimine les images innocentes et place en tête de liste celles qui, potentiellement, le sont le moins. Cela fait gagner du temps en plus de réduire l'exposition des policiers à des images obscènes et choquantes.

À côté des outils technologiques, conçus pour les tâches fastidieuses et difficiles, certaines méthodes reposent toujours sur le contact humain, comme celle du cap. Jared Clarke, expert en communication secrète habitué à se faire passer pour une victime potentielle ou un prédateur en ligne. Son engagement a sauvé des dizaines de jeunes victimes des griffes d'un agresseur.

Le présent numéro n'est pas qu'un rappel de la nécessité de suivre le rythme de l'internetisation rapide de la société : il souligne l'impératif d'employer des méthodes policières astucieuses – dans un monde où ordinateurs et téléphones intelligents permettent de tout faire ou presque.

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