Vol. 80, Nº 4Formation

Un homme revêtu d'un blouson de police tient en joue un individu dans un couloir de cabine d'aéronef.

Sur le qui-vive

Les agents de sûreté à bord formés pour parer à toute menace

Les agents de sûreté à bord de la GRC sont entraînés à protéger équipage et passagers sur des vols à haut risque. Leur formation comporte des mises en situation comme la neutralisation d'un terroriste ayant pris un otage en vol. Crédit : Serge Gouin, GRC

Par

Depuis près de 20 ans, les agents de sûreté à bord (ASB) canadiens dûment formés ont assuré le déplacement de vols commerciaux canadiens et étrangers à risque, généralement sans incident.

Mais avant de monter à bord, l'agent doit avoir répondu à des conditions d'admission strictes, qui comprennent des tests physiques et psychologiques, et un examen exhaustif de son dossier.

Une fois accepté, l'agent suit une formation d'un mois en divers volets : analyse comportementale, combat rapproché, armes à feu, négociation en cas de prise d'otages et enlèvement des explosifs. Après, lorsqu'il monte à bord comme agent accrédité – qu'il s'agisse d'un vol de 3 ou de 13 heures – il est à l'affût de tout.

« Nous ne tenons rien pour acquis », explique l'insp. Tim Evans, qui a été ASB sur des centaines de vols au début des années 2000. « Nous sommes toujours sur le qui-vive. »

Établis dans la foulée des attentats terro-ristes du 11 septembre 2001, les ASB relèvent du Programme de protection des transporteurs aériens canadiens (PPTAC), qui voit à la protection des voyageurs en assurant la présence de policiers armés à bord de certains avions d'immatriculation canadienne qui effectuent des vols de passagers intérieurs et internationaux.

Exceptionnellement, des responsables du PPTAC ont invité des membres des médias à visiter leurs installations à Ottawa, dotées d'un aéronef hors service, où les agents participent à un éventail de simulations de prise d'otages et d'attentats terroristes.

Contrer la menace

« L'ASB est entraîné à contrer la menace; il réagit jusqu'à ce que celle-ci soit neutralisée », explique un instructeur, qui préfère garder l'anonymat. « Tout en conservant toutes nos facultés. »

Au centre d'entraînement, les membres se livrent au combat corps à corps et s'exercent à désarmer l'assaillant brandissant un couteau ou un pistolet. Mais un autre aspect moins évident est primordial.

« Nous exécutons de nombreux scénarios de combat, mais il s'agit surtout de s'endurcir sur le plan mental, explique un entraîneur. L'agent doit être prêt à parer à toute éventualité. »

Le nombre d'ASB au service est maintenu secret. Cela dit, les risques qui motivent leur entraînement sont bien connus et en évolution constante.

« Le risque principal : les engins explosifs artisanaux (EEA) transportés sur soi ou dans des bagages, précise la surint. Janis Gray, directrice du programme. Un risque nouveau, inexistant à l'amorce du programme, sont les voyageurs à haut risque rentrant de l'étranger -- les combattants étrangers. »

Nouveaux risques

La multiplication des vols et des passagers alourdit la tâche des ASB.

Selon la surint. Gray, l'aviation commerciale est en expansion au pays; de plus en plus de Canadiens se rendent à des destinations à haut risque. Elle dit souhaiter élargir les effectifs, non seulement quantitativement, mais aussi en termes de diversité.

« Pour nous fondre parmi les passagers et rester discrets, nous devons recruter des agents de diverses origines. C'est une question de sécurité », explique la surint. Gray; à cet égard, on montre aux agents à échafauder une couverture.

Les ASB - qui doivent obtenir la recertification aux six mois - s'engagent pour un mandat d'au moins trois ans.

« Trois ans suffisent pour certains, précise la surint. Gray. C'est un mandat très exigeant sur le plan de la vie familiale et sociale. Cela dit, certains restent plus longtemps. »

L'insp. Evans a quitté le programme après cinq ans, mais il dit avoir profité du travail nécessaire pour devenir et demeurer ASB.

« J'ai obtenu une formation tactique très profitable, explique-t-il. J'ai développé mon acuité mentale, ce qui me sera utile pour le reste de notre carrière. Admis au programme au grade de gendarme, j'ai été promu caporal. Cette affectation m'a ouvert des portes. »

C'est un sentiment partagé par un ASB actuel.

« Pour certains, ce n'est pas un travail attrayant. Mais entre deux vols, nous nous entraînons avec des instructeurs chevronnés, et nous avons l'accasion de représenter les intérêts de l'organisation et du pays », explique cet agent.

« On nous paie non seulement pour ce que nous faisons, mais surtout pour ce que nous sommes habilités à faire. »

Date de modification :