Vol. 80, Nº 2Reportages

Un groupe de jeunes sur une plage placent des roches et des petites branches pour allumer des feux.

Techniques de survie

Un camp de plein air rapproche jeunes et policiers

Ce groupe d'ados a participé à un programme de plein air sur l'île de Diana pour apprendre des techniques de survie et des leçons de vie. Crédit : GRC

Par

Des jeunes des Premières Nations en C.-B. tirent profit de programmes de plein air pour mieux connaître leur territoire, leur culture et eux mêmes. Mais les camps permettent aussi à la GRC de nouer contact avec les gens et les collectivités qu'elle sert.

Dans la région nord-ouest d'Haida Gwaii, la Première Nation Old Massett organise depuis des années le camp de la redécouverte, qui enseigne aux ados les techniques de survie – construction d'abris, préparation d'un feu, recherche de nourriture et cuisson.

Donavan Hunter, membre de la Nation haïda, a participé au camp à 12 ans et en est maintenant un animateur. Selon lui, donner aux jeunes Autochtones la chance de vivre dans la nature les aide à mieux connaître leur histoire. Et de participer au cercle de feu leur permet d'exprimer leurs préoccupations.

Tenir la plume dans le cercle signifie avoir droit de parole.

« Au début, certains gardent le silence, mais ils finissent par s'ouvrir et au troisième soir, il faut leur retirer la plume des mains », explique en riant Donavan Hunter, 21 ans, qui travaille comme assistant en éducation à Massett.

Tisser des liens

Le but est de susciter la fierté des jeunes en les amenant à découvrir leur héritage autochtone. Il s'agit aussi d'orienter les ados à risque vers de bonnes décisions tout en favorisant un rapprochement entre jeunes des Premières Nations et la police.

Pour sa part, la GRC apporte son soutien aux animateurs du camp.

Le cap. Jonathan Spooner a participé aux camps; ceux-ci l'ont sensibilisé à la culture autochtone.

« Il m'était important d'en apprendre davantage sur leur culture et leur histoire, dit-il. On a également abordé la discrimination et les relations avec la police. »

Cela dit, il s'est vite rendu compte que certains participants avaient des sentiments négatifs à son égard. Lors du camp de 2016, l'un deux entretenait de l'animosité envers lui, tout particulièrement quand le gendarme était en uniforme.

« L'attitude était différente selon que j'étais en civil ou en uniforme; lorsque je revêtais celui ci, l'anxiété paraissait chez le jeune, explique-t-il. Avec le temps toutefois, l'appréhension se dissipait, par le fait d'entendre ma réalité de policier, mais aussi d'époux et de père de famille. »

Des leçons de vie

À Port Alberni, les gend. Pete Batt et Jay Donahue ont créé un programme appelé Survival Kids pour enseigner aux jeunes, notamment autochtones, le secourisme, la construction d'abris et autres techniques de survie en plein air.

Les gendarmes estimaient qu'un programme de sensibilisation aux drogues n'était pas suffisant pour les jeunes de la localité.

« Visiter une salle de classe ne suffit pas, explique le gend. Batt. Les programmes en place se fondent sur un degré minimum de résilience, et acquérir des aptitudes en plein air accroît la résilience. »

Selon lui, les leçons de vie se trouvent dans tous les aspects de la réalité d'aujourd'hui, et les techniques de survie en plein air n'en sont qu'un exemple. Dans certaines activités, les participants apportent leur propre nourriture : eau, lentilles sèches et riz.

« L'un des problèmes des jeunes de la localité semble être une dépendance à la malbouffe : soda, croustilles et aliments gras. S'alimenter que de lentilles et de riz pendant une journée les sensibilise à la différence entre besoin et désir », explique le gend. Batt.

Lors des excursions à la belle étoile, ils apprennent à ériger un abri, à allumer un feu et à creuser des latrines. Ils prennent conscience des conséquences de leurs décisions et, dans certains cas, de la chance qu'ils ont.

« Ce programme favorise la communication entre la police et les partenaires communautaires, précise le gend. Batt. Les jeunes comprennent que si l'on ne sait pas qu'ils ont besoin d'aide, on ne peut pas les aider. »

Des initiatives comme le camp de la redécouverte et Survival Kids montrent aux jeunes que les responsables de leur communauté les soutiennent dans le besoin.

« Nous établissons des liens et, de retour en ville, les campeurs n'hésitent pas à m'aborder, même si c'est juste pour parler », souligne Donavan Hunter, qui espère continuer de prendre part au camp pendant encore longtemps.

Date de modification :