Vol. 80, Nº 4Reportages

Un policier s'adresse à un auditoire dans un gymnase d'école.

Souffrir en silence – jamais plus

Atelier d'aide à la lutte contre la violence conjugale

Le gend. Ryan Harnum de la GRC s'adresse aux participants d'un atelier sur la violence conjugale tenu à Moose Lake (Man.) plus tôt cette année. Crédit : Photo fournie par Stephanie Harnum

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La violence conjugale, souvent alimentée par la consommation de drogues ou d'alcool, ruine des vies. On la constate partout. À Moose Lake (Man.), qui compte 1100 habitants, le gend. Ryan Harnum a décidé d'agir.

«  Quand nous intervenons lors d'une querelle de ménage, on dirait que c'est nous qui mettons un pansement sur le problème », observe le gend. Harnum, affecté depuis deux ans dans une collectivité du nord-ouest du Manitoba située à 75 km au sud-est de Le Pas.

L'ancien pasteur pentecôtiste de Terre-Neuve, qui détient en outre une maîtrise en counseling, a décidé d'organiser un atelier sur la violence conjugale mettant l'accent sur les problèmes de dépendance. Selon lui, la majorité des appels pour violence conjugale que reçoit le détachement ont pour origine l'abus d'alcool ou de drogues.

« Nous voulons attaquer le problème de front et offrir à la population de l'information et des ressources pour trouver de l'aide, dit-il. Surtout, je n'avais pas l'intention d'arriver là pour me contenter de distribuer des brochures. »

Autre aspect important de l'atelier : joindre les groupes communautaires – comme Aurora House, un refuge pour femmes, et le Centre de santé tribal de la Nation crie – pour les inviter à participer et à animer des séances.

Faire face au problème

Le premier atelier, qui a eu lieu en avril et a duré toute la journée, a attiré 72 personnes. Après une prière et un rituel de purification par la fumée, des séances d'information ont été données séparément aux hommes et aux femmes sur le thème de la dépendance et de la violence physique, émotionnelle et sexuelle.

Les participants y ont aussi parlé des moyens de maintenir de bonnes relations avec les prestataires de services, la police et d'autres membres de la communauté.

Selon Peter Constant, qui travaille au Centre de santé tribal de la Nation crie comme spécialiste accrédité sur les questions de dépendance chez les Autochtones, les stigmates associés à la violence conjugale amènent ceux qui en subissent les effets à souffrir en silence.

« L'atelier était nécessaire pour sensibiliser les gens aux conséquences et à la fréquence des actes de violence conjugale, déclare M. Constant. Le récit d'expériences personnelles a permis aux participants de vraiment comprendre comment la violence conjugale avait marqué l'existence de ceux qui l'avaient vécue. »

Au cours d'une séance, le gend. Harnum a parlé de stratégies d'adaptation comme celle de s'éloigner des situations difficiles ou celle de désenvenimer les conflits.

« L'atelier de Moose Lake était fort bien conçu, commente Dawna Pritchard, directrice administrative de Aurora House, qui a délégué trois employés à l'événement. Il était dirigé par des membres de la communauté et mettait à contribution des ressources locales, ce qui illustrait bien le partenariat constructif qui existe entre la police et les services de soutien. »

Trouver des solutions

Le gend. Harnum a évoqué le cas d'un couple qui appelait régulièrement la GRC pour mettre un terme aux disputes et violentes querelles dues à l'ivresse d'un des conjoints.

Il nous a dit que ceux-ci avaient participé à l'atelier et que, même si la consommation d'alcool n'avait pas cessé, il y avait une lueur d'espoir que leur relation conjugale s'améliore.

Dans les semaines qui ont suivi l'atelier, il a commencé à recevoir des appels du couple, qui essayait de résoudre ses problèmes.

« Ils se sont rendu compte qu'il ne rimait à rien de se disputer et de s'empoigner tout le temps. Maintenant, lorsqu'ils m'appellent, ce n'est pas pour que j'intervienne, mais pour bavarder. À mon sens, c'est une victoire », dit le gend. Harnum, qui souhaite tenir trois ou quatre ateliers par an.

Mme Pritchard ajoute qu'un tel atelier sert aussi à établir des liens avec la communauté.

« Chaque contact en personne favorise de bonnes relations, de sorte que quelqu'un qui a assisté à l'atelier, même s'il n'est pas une victime, sera mieux disposé à nous recommander à un ami ou à un proche », précise Mme Pritchard avant de faire l'éloge de l'organisateur.

« Ce qu'a fait le gend. Harnum est un grand pas vers le rétablissement de relations positives et constructives entre les membres de la communauté, les organismes de soutien et la police. »

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