Vol. 78, Nº 1À l'avant-scène

Un mâle capuche faisant signe de gang.

Récentes études policières

Le projet PAYG, mené dans le quartier torontois de Jane-Finch, visait à dissuader les jeunes à risque des minorités ethniques de se joindre à des gangs de rue.

Par

Les extraits suivants d'études récentes en matière de justice et d'application de la loi reflètent les vues et les opinions des auteurs, mais pas nécessairement celles de leur organisation d'attache. Les rapports intégraux sont accessibles au site Web indiqué à la fin de chaque résumé.

Prior offending among family violence perpetrators: A Tasmanian sample [en anglais seulement]

par Hayley Boxall, Jason Payne, Ph. D. et Lisa Rosevear, Ph. D.

Cette étude fournit un instantané des parcours délictueux, s'étendant sur six ans, de Tasmaniens coupables de violence familiale. Elle révèle l'existence d'un lien manifeste entre la fréquence des cas de violence familiale et celle d'autres formes de délinquance, et elle montre qu'une catégorie de contrevenants en matière de violence familiale (CVF) sont enclins à commettre d'autres types d'actes de violence, à enfreindre le code de la route et à violer des ordonnances de protection. Les résultats de l'étude présentent un intérêt pour la définition des politiques et des pratiques à adopter, notamment en ce qui a trait au traitement et à l'identification des CVF.

Cette étude a consisté à analyser des données tirées du Family Violence Management System (FVMS) et des dossiers d'arrestation tenus par la police de Tasmanie. Elle portait exclusivement sur un échantillon de CVF tasmaniens.

Au total, on constate qu'une majorité de CVF ont été dénoncés à la police ou appréhendés par elle pour des infractions autres que des actes de violence familiale. L'étude révèle par ailleurs que les infractions les plus couramment commises par les récidivistes étaient relatives au code de la route, à la violence et à la paix publique. Les CVF ayant des antécédents de violence non familiale ont en moyenne été arrêtés douze fois par la police.

Il se peut que les mécanismes et facteurs de risque qui augmentent la probabilité qu'une personne use de violence contre son conjoint soient les mêmes que ceux qui sous-tendent la probabilité qu'elle commette d'autres types d'infraction.

On sait qu'une variété de circonstances et d'expériences vécues peuvent peser sur les relations de couple et conduire à des conflits, conflits qui, à leur tour, peuvent accroître le risque de violence familiale. On sait aussi que l'abus d'alcool et de drogue peut jouer un certain rôle à cet égard.

Les conclusions de l'étude s'accordent avec des constatations antérieures selon lesquelles les CVF ne forment pas un groupe homogène. Certaines données tendent à montrer qu'il existe un groupe de CVF « globalement asociaux/violents » qui usent fréquemment de violence tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du foyer.

Il peut être utile que la police, lorsqu'elle entre en contact avec un individu accusé de semblable infraction, cherche à savoir si ce dernier ne se montrerait pas aussi violent au foyer.

Compte tenu du coût en ressources qu'entraîneraient ces vérifications supplémentaires, il est sans doute plus réaliste de vouloir utiliser les résultats de l'étude pour identifier les CVF les plus susceptibles de récidiver et pour déployer à leur intention des stratégies et des interventions de gestion du risque, y compris en ce qui touche au traitement.

Consulter le rapport intégral : http://aic.gov.au/publications

Les gagneurs – projet « Positive Alternatives to Youth Gangs »

Le quartier torontois de Jane-Finch possède l'un des taux de crimes violents les plus élevés en Ontario, et sa population compte parmi les plus socioéconomiquement défavorisées du Canada. On estime que la collectivité de Jane-Finch héberge la plus forte concentration de bandes de jeunes du pays.

En 1999, les gérants des tours d'habitation San Romanoway ont entrepris des consultations avec les principales parties concernées au sujet des gangs, de la violence et du vandalisme dans le quartier de Jane-Finch. Le projet « Positive Alternatives to Youth Gangs » (PAYG) a vu le jour pour résoudre ces problèmes.

Mis en œuvre de juillet 2008 à mars 2011, le projet PAYG visait à dissuader les jeunes à risque issus de groupes minoritaires de s'affilier à des gangs et d'enfreindre la loi, en plus d'aider les jeunes embrigadés à quitter leur gang en toute sécurité.

PAYG comportait cinq initiatives : un programme de groupes scolaires, un programme après la classe, un programme d'été, un programme de soutien familial et un programme communautaire. À l'école ont été examinés divers problèmes psychosociaux nuisant au rendement scolaire, les choix de vie, la tentation de se joindre à un gang et d'autres formes de comportement asocial.

Le programme après la classe visait à créer des liens de confiance avec les élèves, à les appuyer dans leurs études, à développer leur respect d'eux-mêmes, à les aider à acquérir des qualités de sociabilité et à les inciter à s'engager dans des activités socialement acceptables. Le programme d'été, lui, offrait aux jeunes des activités éducatives, sociorécréatives, sportives et artistiques.

Les parents et proches responsables des participants aux programmes scolaire, parascolaire et estival avaient droit à une aide familiale. En mobilisant les parents, PAYG avait pour objectif d'accroître leur capacité à garder leurs enfants loin des gangs. Le programme communautaire invitait les résidants directement touchés par les agissements des gangs à prendre part à des forums axés sur la sensibilisation aux dangers de l'adhésion à un gang et aux facteurs contribuant à mettre à risque les jeunes des groupes minoritaires.

Au terme du projet, on a constaté une réduction de certains facteurs de risque liés aux gangs. PAYG a favorisé l'adoption d'attitudes de sociabilité, mais n'a pas influé sur celles à l'égard de la violence. Par ailleurs, on n'a pas observé d'effets clairement positifs sur les facteurs de risque et de protection, le rendement scolaire, la formation de liens avec les enseignants et la façon dont la tricherie était considérée, bien que le projet ait sans doute amélioré les chances des participants de trouver un emploi.

Consulter le rapport intégral : http://www.publicsafety.gc.ca

Childhood Trauma and Its Effects: Implications for Police [en anglais seulement]

par le Dr Richard G. Dudley, Jr.

Le présent article résume ce que l'on sait aujourd'hui des effets des traumatismes sur les jeunes enfants, de ce qui en découle pour le fonctionnement des adolescents et des jeunes adultes ainsi que des conséquences que cela peut avoir sur le travail policier.

L'enfant exposé à des actes de violence répétés — en particulier s'il ne jouit pas du soutien d'un parent capable d'en tempérer les effets — risque d'éprouver de graves troubles psychogénétiques et neuropsychiatriques au cours de sa croissance, qu'il s'agisse de problèmes neurologiques, de difficultés psychologiques particulières liées à son traumatisme, de déficiences développementales ou d'autres troubles fonctionnels connexes.

Enclins à des comportements violents et imprévisibles, ceux qui vivent des difficultés liées à un traumatisme ont plus de chances que les autres d'avoir des démêlés avec la justice. Or il est peu probable qu'un policier qui n'a pas reçu de formation spéciale sache reconnaître qu'il a affaire à quelqu'un dont la conduite s'explique par des difficultés consécutives à un traumatisme.

Bien que ce soient l'anxiété, la peur et le dérèglement de la réaction cérébrale au stress qui dictent la conduite des traumatisés, ce sont les symptômes visibles qui retiennent l'attention. S'attarder à ces symptômes au détriment des causes sous-jacentes amène les policiers à voir ces enfants à travers des lunettes déformantes.

S'ils étaient conscients du grand nombre de cas de traumatismes infantiles graves et savaient en apprécier les effets sur le développement de l'enfant et, plus tard, sur l'équilibre psychique de l'adulte, les policiers penseraient et agiraient fort différemment.

Dotée d'une meilleure connaissance des répercussions de la violence familiale sur l'enfant en croissance, la police serait mieux à même de signaler de tels cas aux services locaux de protection de l'enfance et de promouvoir la mise en place de services de santé mentale adaptés.

Bien que semblables traumatismes puissent survenir dans tous types de milieux, les enfants de couleur issus de milieux pauvres sont particulièrement à risque. Il est impératif que les policiers soient conscients de la haute prévalence des traumatismes infantiles graves qui y est constatée, sachent en mesurer les effets sur le développement et en comprennent l'impact sur la conduite de l'adolescent et de l'adulte.

Consulter le rapport intégral : https://www.ncjrs.gov

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