Vol. 80, Nº 3Reportages

Un policier debout devant des journalistes et des caméras.

Ralentir et changer de voie

Prudence à l'approche des véhicules d'urgence

Le Groupe de la sécurité routière de la GRC au Manitoba organise des séances de sensibilisation pour le public et les médias au sujet de la loi sur le corridor de sécurité. Crédit : GRC, Manitoba

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Intercepter un conducteur roulant au-delà de la limite fait partie intégrante du travail policier. Mais pour le serg. Mark Hume de la GRC, c'est aussi risquer sa vie.

Plus tôt cette année, alors qu'il remplissait une contravention pour un conducteur qu'il venait d'arrêter pour excès de vitesse, un VUS approchant a ralenti et changé de voie, conformément à la loi manitobaine. Un autre conducteur a accéléré pour tenter de dépasser ce véhicule, mais a perdu la maîtrise, forçant le VUS à verser dans le fossé.

« J'aurais pu y laisser ma peau, explique le serg. Hume, rattaché à la Sécurité routière au Dét. de Westman (Man.). Le véhicule aurait pu emboutir l'arrière de ma voiture. »

S'il n'y a eu aucun blessé grave, le conducteur fautif a écopé d'une amende de 672 $ pour conduite imprudente.

Ce n'est qu'un des nombreux épisodes où il l'a échappé belle depuis son affectation à la Sécurité routière. Depuis l'adoption de la loi sur le corridor de sécurité au Manitoba en 2011, il s'en est fait un ardent défenseur.

« Ce corridor de quelques pieds de large est mon lieu de travail », explique-t-il. Je dis aux gens de faire attention aux personnes arrêtées en bordure de route, qu'il s'agisse de policiers, d'ambulanciers, d'un chauffeur de dépanneuse ou d'un automobiliste avec une crevaison. »

Observer la loi

Au pays, les lois sur le corridor de sécurité ont fait la une à l'automne 2017, après le décès du gend. Francis Deschênes, agent de la GRC en Nouvelle-Écosse. De service au Nouveau-Brunswick, il s'était arrêté pour aider un homme à changer un pneu lorsqu'il a été happé mortellement par un véhicule.

« L'incident a retenu l'attention, dit le cap. Ryan Lewis, resp. du Groupe tactique de la sécurité routière au N.-B. La sécurité routière, c'est l'affaire de tous. »

Les lois sur le corridor de sécurité varient d'une province à l'autre. Au N.-B., les automobilistes doivent ralentir à une vitesse raisonnable, puis changer de voie. D'autres provinces ont établi une limite de vitesse.

À la suite du décès du gend. Deschênes, de nombreux groupes de la sécurité routière de la GRC, dont celui du Manitoba, ont lancé des initiatives de sensibilisation et de répression.

Pour déterminer combien de gens respectent la loi, les agents ont surveillé la circulation sur un tronçon de l'autoroute 59, au sud de Winnipeg. En l'espace de 15 minutes, ils ont compté 107 véhicules qui ont dépassé une autopatrouille garée avec ses gyrophares actionnés. La plupart ont changé de voie, mais seulement quatre ont ralenti à 60 km/h, conformément à la loi. Et 16 sont passés à une vitesse excédant la limite affichée, soit 100 km/h.

« Bien des gens ignorent la loi, souligne l'insp. Ed Moreland, off. resp. de la Sécurité routière au Manitoba. Mais nous avons dû sévir, car cette ignorance est meurtrière. »

Le service a également organisé des événements médiatiques et une campagne de répression d'une semaine ciblant les automobilistes fautifs.

Quelques secondes cruciales

La nature imprévisible du travail de la police, alliée au flot de circulation rapide, pose un risque énorme pour les agents en bordure de route.

« Tout contrôle routier comporte des risques, explique le cap. Lewis. Il pourrait y avoir une querelle de ménage ou une personne qui a un trouble de santé mentale. Les autres automobilistes n'ont aucune idée de ce qui se passe. »

Il relate des cas d'altercations en bordure de la route qui se sont terminées dans le fossé ou au centre de la route. D'où l'importance des lois sur le corridor de sécurité, qui offrent aux policiers un espace sûr pour faire leur travail.

Pour réduire ce risque, de nombreux agents garent leur autopatrouille derrière le véhicule du contrevenant en débordant sur la gauche, se ménageant ainsi un espace sûr; d'autres utilisent des cônes de déviation.

Après l'avoir échappé belle à maintes reprises, l'insp. Moreland opte désormais d'aborder le contrevenant du côté passager. Mais il estime que le changement d'habitudes n'incombe pas seulement à la police; le public doit aussi faire sa part.

« Nous ne demandons pas aux automobilistes d'arriver en retard ou d'annuler leurs déplacements, dit-il. Il s'agit simplement de sacrifier quelques secondes de votre vie pour épargner celle d'autrui. »

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