Vol. 76, Nº 4Éditorial

Prévoir l’imprévisible

Crédit : Moncton Times & Transcript

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Il arrive parfois que l'équipe de rédaction de la Gazette travaille à un numéro qui, même si son contenu est prévu depuis des mois, de-vient très d'actualité.

Tandis que nous achevions le présent numéro sur les mesures de préparation et d'intervention des policiers en cas d'événement grave et inattendu, la fusillade est survenue au centre-ville d'Ottawa; une sinistre coïncidence. Les membres sur le terrain, formés pour intervenir dans ces situations, ont été, encore une fois, mis à rude épreuve.

Le présent numéro traite des nombreux facteurs qui entrent en ligne de compte pendant des interventions policières en cas d'événements graves comme celui d'octobre dernier.

Dans l'article vedette, Deidre Seiden s'intéresse à un acte de violence survenu le 4 juin à Moncton, où trois de nos membres ont été tués et deux autres, blessés. L'équipe des communications de la GRC au Nouveau-Brunswick a adopté une stratégie simple, mais efficace : fournir rapidement aux citoyens l'information exacte sur les mesures de sécurité dans les minutes et les heures suivant les coups de feu meurtriers, alors que le tireur courait toujours. Et pour ceux qui doutaient encore de leur pertinence pour le travail policier, les médias sociaux ont joué un rôle important.

Deidre Seiden décrit également un camp d'entraînement à Ottawa où l'on évalue et prépare les policiers qui désirent faire partie de groupes tactiques d'intervention (GTI) de la GRC. Chaque participant se soumet à des épreuves physiques et psychologiques, qui servent à mesurer la façon dont il réagit au stress, travaille avec les autres et affiche les aptitudes et l'état d'esprit garants de la réussite d'une opération.

Puisqu'intervenir dans les situations imprévues peut être dangereux, nous nous penchons sur deux stratégies de soutien médical d'urgence aux équipes comme le GTI. Dans l'OPP, les services tactiques d'aide médicale d'urgence offrent aux équipes antiémeutes des soins spécialisés, prodigués par des paramédics qualifiés, et les groupes d'interventions médicales d'urgence de la GRC entrent en scène quand les services médicaux d'urgence ne peuvent agir. Bien que différentes, ces deux stratégies s'avèrent efficaces.

Une crise permet parfois de tirer des leçons pour l'avenir; on n'a qu'à penser aux nombreux enseignements dont fait part Herman B. Leonard de la Harvard Kennedy School dans son rapport captivant sur l'attentat à la bombe à Boston en 2013. Par exemple, les opérations conjointes d'envergure dans le cadre d'événements prévus peuvent être extrêmement efficaces au moment d'intervenir en cas d'incidents-surprises.

Nous jetons aussi un œil aux mesures prises par les policiers et d'autres premiers intervenants en prévision de catastrophes naturelles.

Le service de gestion des urgences de San Francisco a créé une carte virtuelle sur laquelle de l'information est diffusée en temps réel au public en cas de crise.

En Norvège, des chercheurs travaillent à la création de solutions techniques visant l'interopérabilité multiorganismes en cas d'urgence d'envergure comme une catastrophe.

Enfin, il ne faut pas oublier que ces événements sont non seulement exigeants physiquement, mais aussi émotionnellement.

Le service de police de Hillsboro aide ses policiers à devenir plus résistants aux traumatismes au moyen de la réduction du stress fondée sur la pleine conscience. La formation en question, à laquelle a aussi recours la marine américaine, est une mesure éprouvée qui est préventive plutôt que réactive.

Quant à J. Kevin Cameron du Canadian Centre for Threat Assessment & Trauma Res-ponse, il rappelle aux policiers les façons saines de gérer les traumatismes, pour eux-mêmes et pour les citoyens qu'ils servent.

Il n'y a pas de façon idéale de se préparer à la prochaine crise ou catastrophe, mais la mise en commun des pratiques et des outils en place est un pas dans la bonne direction.

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