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Près de 150 enfants sauvés de l’exploitation dans le monde, dont 12 au Canada

Les enquêteurs affirment que l'opération H est la plus vaste et la plus difficile que la Nouvelle-Zélande ait menée en ce qui concerne l'exploitation d'enfants. Crédit : Shutterstock

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Une enquête internationale amorcée en Nouvelle-Zélande sur la cyberexploitation sexuelle d'enfants a permis de sauver une douzaine d'enfants et de porter plus de 180 accusations contre près de 50 personnes au Canada.

Dans le cadre de cette opération, baptisée « opération H », laquelle a toujours cours, le Centre national des crimes d'exploitation d'enfants (CNCEE) de la GRC a collaboré avec le ministère de l'Intérieur de la Nouvelle-Zélande et les groupes de lutte contre l'exploitation des enfants dans Internet (GLEEI) un peu partout au Canada.

Coopération internationale

L'enquête a débuté en 2019 lorsqu'un fournisseur de services électroniques a alerté les autorités néo-zélandaises de l'existence de milliers de fichiers contenant du matériel à caractère pédosexuel sur sa plateforme. Les enquêteurs ont découvert que ces fichiers qui, selon leurs dires, dépeignaient certaines des plus odieuses formes de violence envers des nourrissons et des enfants jamais observées par la police, avaient été accédés au moyen de plus de 90 000 comptes dans le monde.

« Le matériel dépeint une scène de crime, le pire moment que peut vivre un enfant, et chaque fois qu'il est visionné, il a pour effet de le victimiser de nouveau », déclare Tim Houston, directeur de l'équipe de lutte contre la cyberexploitation d'enfants au ministère de l'Intérieur, et responsable de l'opération H.

Le ministère de l'Intérieur et ses partenaires néozélandais ont préparé des trousses d'enquête pour les services de police d'autres pays, dont la GRC. Au ministère, on s'est efforcé de tenir compte des différences juridiques entre les administrations pour aider les enquêteurs à utiliser l'information dans le cadre de leur travail.

Tout au long de l'opération, la plus vaste et la plus difficile que la Nouvelle-Zélande ait menée en ce qui concerne l'exploitation d'enfants, M. Houston et ses collègues ont été disponibles pour aider les enquêteurs.

« S'ils avaient des questions ou s'ils avaient besoin d'éléments d'information importants, nous pouvions creuser pour éventuellement les aider », ajoute M. Houston.

Coordination au Canada

Lorsque le CNCEE de la GRC a été informé des cas, les caporaux Dawn Langevine et Yany Marchand Vigneault les ont classés par priorité, regroupés et communiqués aux GLEEI présents à la grandeur du Canada. Pour ce faire, ils ont évalué de nombreux facteurs, notamment le caractère multirécidiviste des délinquants, la teneur de la maltraitance pour faire ressortir les cas les plus graves et les ressources de chaque GLEEI provincial ou local.

« Nos dossiers représentaient un volume supérieur au nombre de dossiers qu'ils traitent chaque année et s'ajoutaient à leur charge de travail. Et les cas courants continuaient d'affluer », rapporte le cap. Marchand-Vigneault.

Les caporaux Langevine et Marchand-Vigneault ont appuyé les GLEEI tout au long de leurs enquêtes, les aidant souvent à obtenir des ordonnances judiciaires, qui sont déterminantes pour identifier les délinquants. « Avant d'avoir franchi certaines étapes d'une enquête, on ne sait pas avec certitude si une personne se trouve au Canada », révèle le cap. Marchand Vigneault. « Dans ces cas-ci, les enquêteurs ont dû rédiger un grand nombre d'ordonnances de communication pour confirmer la présence des suspects au pays », ajoute-t-il.

Les enquêteurs n'ont pas eu la tâche facile parce que les délinquants utilisent des réseaux privés virtuels, le Web clandestin et d'autres techniques informatiques sophistiquées pour dissimuler leur identité et leurs activités dans le cyberespace.

« Les GLEEI pouvaient nous poser une question par téléphone ou par courriel et nous les aidions à trouver la réponse, ce qui leur laissait du temps pour faire avancer l'enquête même », explique la cap. Langevine, qui est récemment passée du CNCEE à l'équipe de la GRC chargée d'examiner les cas d'agression sexuelle.

Au Canada, 25 services de police ont participé à l'opération. De par son ampleur, l'opération H se distingue d'une enquête type sur la cyberexploitation d'enfants et fait par ailleurs ressortir qu'il existe partout dans le monde des individus à la recherche de matériel illégal.

« Tout le monde doit être conscient que l'exploitation et la maltraitance d'enfants ne sont pas limitées à certains quartiers ou endroits, » affirme la cap. Langevine, qui recommande aux parents de discuter des dangers du cyberespace avec leurs enfants.

« Les parents doivent être prêts à discuter de la sécurité sur Internet avec leurs enfants, à les renseigner et à les sensibiliser à la portée de leurs actions en ligne; ils doivent se montrer vigilants à cet égard », prévient-elle.

L'opération H a donné lieu à plus de 830 enquêtes criminelles et a permis de sauver près de 150 enfants d'environnements dangereux partout dans le monde. Le Federal Bureau of Investigation, la police fédérale d'Australie, la National Crime Agency du Royaume-Uni, Europol et INTERPOL ont tous soutenu l'enquête sur leur territoire respectif.

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