Vol. 81, Nº 2Entretien

Une agente de la GRC debout à côté de son auto-patrouille.

Ne renoncez pas à vos rêves

Une policière autochtone inspire de jeunes recrues

La cap. Bev Pitawanakwat puise dans son histoire personnelle pour inspirer de nouvelles recrues autochtones. Crédit : Photo fournie par la cap. Bev Pitawanakwat

La soif de découvrir le monde et la persévérance ont mené la cap. Bev Pitawanakwat d'une réserve autochtone déshéritée du Nord de l'Ontario à une carrière de dix ans dans l'armée, où elle est devenue la première plongeuse dans la Marine canadienne. Patricia Vasylchuk s'est entretenue avec l'ancienne ingénieure navale au sujet des raisons qui l'ont poussée à tout laisser pour devenir recruteuse autochtone à la GRC.

Comment commence votre histoire?

En tant que jeune autochtone, j'ai grandi sans réel modèle. Tout mon univers se résumait à notre réserve. Les océans, le reste du pays, tout ça n'existait pas dans mon esprit. Mais une petite voix intérieure me disait que je pouvais aller plus loin.

Pourquoi vous être enrôlée dans l'armée?

Je passais devant un centre de recrutement et quelque chose m'a incitée à y entrer. J'ai passé un test d'aptitude et on m'a orientée vers une série de métiers, dont l'ingénierie navale. Je ne savais même pas ce que c'était, mais un mois plus tard, j'étais dans un camp d'entraînement.

Parlez-nous de votre carrière militaire.

Cela m'a permis de découvrir le monde en naviguant vers des pays comme la Russie, la Chine, le Japon, la Malaisie, Guam ou les Philippines. Mais j'ai fait partie de cette première génération de femmes qui est entrée dans l'armée, et nous avons dû travailler plus fort pour faire nos preuves.

Comment avez-vous réussi?

En persévérant. Je refusais qu'on m'enferme dans une case en prétextant que je ne pouvais pas faire ceci ou cela.

Pourquoi devenir plongeuse dans la Marine?

Les plongeurs étaient vraiment « cools » et je voulais être comme eux. Mais on m'a découragée à plusieurs reprises. Alors, un jour, j'ai attendu que le chef mécanicien sorte de sa chambre et je l'ai supplié de me donner une chance. Et il a accepté.

Pourquoi avez-vous quitté la Marine?

J'étais bien traitée et je gravissais les échelons, mais plutôt que de penser à ma carrière, je souhaitais partager mon expérience et mon parcours, fait de tâtonnements et d'embûches, avec de jeunes Autochtones et aller à leur rencontre dans leurs communautés pour leur dire de croire en eux, que c'est normal d'avoir peur.

Que s'est-il passé par la suite?

J'ai terminé ma formation à la Division Dépôt en 2000, à l'âge de 38 ans, et j'ai demandé, à la surprise de tous, qu'on m'affecte dans une communauté autochtone, à l'endroit le plus difficile. Aujourd'hui, je suis fière de dire que je travaille depuis près de 19 ans avec les communautés des Premières Nations. Je suis recruteuse autochtone depuis trois ans.

Que fait un recruteur autochtone?

Je voyage beaucoup dans les communautés des Premières Nations – tournois, écoles, salons de l'emploi – pour partager mon histoire, encourager nos jeunes et les guider vers des débouchés qu'ils n'auraient peut-être jamais envisagés.

Que leur dites-vous?

Que quand j'étais dans leur situation, la seule personne qui pouvait me sortir du trou, c'était moi. Je leur dis de croire en leurs rêves et de ne laisser personne les en dissuader.

Comment mentorez-vous les jeunes que vous rencontrez?

Je leur donne mes coordonnées professionnelles et ils peuvent communiquer avec moi en tout temps. Je leur explique comment se préparer au processus de candidature. Je les encourage à obtenir leur permis de conduire et à s'exercer aux examens en ligne. Je leur fais connaître les programmes autochtones qui renforcent la confiance en soi et je les jumelle à un policier autochtone de leur communauté.

Je constate cependant que certains candidats autochtones qui vivent en région très isolée n'ont pas de bonnes bases en mathématiques et en anglais, deux matières qui sont à l'examen de la GRC. Je demande donc aux plus jeunes de s'entraîner à faire l'examen et je leur dis de faire attention à leurs mathématiques et à leur anglais en 12e année.

Quelle est votre approche?

Je veux des candidats de qualité, mais sans trop pousser les jeunes au cas où ils ne seraient pas faits pour ce métier. Je leur ouvre simplement une porte; libre à eux ensuite d'entrer ou pas. Lorsque l'un d'eux réussit sa formation à la Division Dépôt, je sais que j'ai fait un bon boulot. Et il y en a eu plusieurs.

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