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Image de nombreux types de cryptomonnaies.

Montée de la fraude liée aux cryptomonnaies

Les criminels utilisent les cryptomonnaies pour inciter ou contraindre les gens à se départir de l'argent qu'ils ont durement gagné. Crédit : GRC

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Partout dans le monde, des investisseurs motivés par les gains du marché ont injecté des billions de dollars dans les monnaies numériques. Profitant de la popularité de celles-ci, des criminels cherchent à s'enrichir eux aussi.

La fraude liée aux cryptomonnaies connaît une hausse fulgurante. En 2021, le Centre antifraude du Canada a reçu des signalements de fraude de ce genre évaluée à 75 millions de dollars. En comparaison, entre 2018 et 2020, les pertes signalées s'élevaient à 12,6 millions de dollars.

Les policiers de la GRC luttent contre ce type de fraude en suivant les pistes numériques et les progrès rapides réalisés en traçage. Ils font face à des spécialistes calés en technologies. Leur stratagème? Demander aux victimes d'effectuer des paiements à l'aide de guichets automatiques de cryptomonnaies et de codes QR pour convertir de l'argent traditionnel en argent numérique.

« Nous savons que les malfaiteurs envoient leurs victimes à des guichets automatiques de cryptomonnaies pour effectuer des transactions. Ils restent même au téléphone pour les guider tout au long du processus », révèle le caporal Vinh Ngo, du Groupe de l'engagement et de la prévention de la Police fédérale de la GRC, en Colombie-Britannique.

Les criminels utilisent aussi des méthodes éprouvées pour manipuler les gens par téléphone et par courriel. Exemples :

  • Ils se font passer pour un représentant du gouvernement et menacent la victime de conséquences désastreuses si elle ne paie pas des frais.
  • Ils tissent des liens d'amitié en ligne avec la victime, puis invoquent soudainement un problème personnel et exigent de l'argent pour le régler.
  • Ils annoncent à la victime qu'elle a gagné un prix qu'elle ne peut réclamer qu'en envoyant de l'argent.

« Les fraudeurs de ce genre manipulent les victimes en jouant avec leurs émotions, cela n'a rien à voir avec l'intelligence », ajoute le caporal Ngo.

Montrez-moi l'argent (numérique)

Une cryptomonnaie est un actif numérique qui peut être échangé contre des biens et des services. Il existe des milliers de cryptomonnaies et, pour de nombreux investisseurs, elles sont considérées comme des marchandises dont la valeur peut augmenter ou diminuer.

Prenons l'exemple d'un bitcoin qui s'échangeait récemment à plus de 60 000 dollars canadiens, mais qui a connu un plancher d'environ 24 000 $ et un plafond de 80 000 $ en l'espace d'un an.

« Le nombre de cryptomonnaies ne cesse d'augmenter, tout comme le nombre d'investisseurs », constate le sergent Kris Clark, du Groupe fédéral des crimes graves et du crime organisé de la GRC.

« Malheureusement, l'éducation sur les cryptomonnaies ne semble pas suivre le même rythme que le nombre de personnes qui les adoptent. Ceux qui veulent investir, dans les cryptomonnaies ou autre, devraient consulter des sources légitimes, bien informées et de confiance, plutôt que de s'appuyer sur les conseils de personnes donnés sur les médias sociaux, et ils devraient apprendre comme ça fonctionne avant d'acheter de la cryptomonnaie », prévient le sergent Clark.

Forces et faiblesses

Le caporal Colin Paul fait partie de l'équipe de l'Intégrité financière qui relève du Groupe fédéral des crimes graves et du crime organisé de la GRC.

Il affirme que les transactions en cryptomonnaies, surtout celles en bitcoin, ne sont pas aussi anonymes que les gens pensent. Les transactions d'un portefeuille (entité où la cryptomonnaie est gardée) à un autre sont en effet liées à une chaîne de blocs. Cette liste publique de toutes les transactions détermine également sa valeur comme actif numérique.

« Les criminels en sont évidemment conscients et ils cherchent des moyens de contourner ce problème », explique le caporal Paul.

Pour y parvenir, ils vont d'abord amener la victime à acheter une cryptomonnaie accessible, comme le bitcoin.

À partir de là, les criminels disposent de plusieurs options pour embrouiller leurs transactions, ils peuvent notamment déplacer des cryptomonnaies à l'étranger ou les convertir en argent traditionnel.

« Nous avons des moyens de suivre et de tracer ces transactions, si nous agissons rapidement », poursuit-il. « Mais une fois la transaction effectuée, il est difficile de faire marche arrière ».

Faites vos recherches

Serg.-dét. int. à la Police provinciale de l'Ontario, John Armit assure la liaison avec le Centre antifraude du Canada, à Ottawa, et aide les services de police dans leurs enquêtes sur les fraudes commises dans le cyberespace, notamment celles liées aux cryptomonnaies.

Les grands services de police, comme la GRC, ont élaboré leurs propres lignes directrices pour encadrer les enquêtes relatives aux cryptomonnaies.

« Mon travail consiste à aider les enquêteurs qui le souhaitent à faire leur travail », explique le serg.-dét. int. Armit. « On doit sensibiliser les membres et le public au fait que les cryptomonnaies sont utilisées dans toutes les formes d'activités criminelles. »

En attendant, il souhaite que le public apprenne à reconnaître les signes de fraude possible liée aux cryptomonnaies. Exemples :

  • des placements aux rendements supérieurs à la normale;
  • des offres d'investissement non sollicitées par téléphone, par courriel ou sur les médias sociaux;
  • un sentiment d'urgence pour ne pas rater une occasion;
  • des messages douteux provenant d'une source de confiance, comme une banque ou un membre de la famille;des transactions avec des entités qui ne sont pas inscrites auprès d'organismes provinciaux ou nationaux de réglementation en valeurs mobilières.

Si vous êtes victime d'une fraude, communiquez avec le service de police local et le Centre antifraude du Canada au 1-888-495-8501.

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