Vol. 79, Nº 1Reportages

Femme debout dans un champ.

Dans l’intérêt de la justice

Un cours prépare des experts à enquêter sur des atrocités

La cap. Bailey Gilarowski a été déployée au Cambodge en 2015 dans le cadre d'une mission du groupe IRJ. Des experts comme elle ont participé à plus de 100 missions partout dans le monde. Crédit : Fournie par la cap. Bailey Gilarowski

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Au début du cours d'Intervention rapide au service de la justice (IRJ), la cap. Bailey Gilarowski de la GRC s'est sentie un peu intimidée en écoutant les participants se présenter.

« Apprendre ainsi tout le travail extraordinaire que faisaient ces individus pour défendre les droits de la personne dans diverses régions du monde a été une vraie leçon d'humilité, reconnaît-elle. Quand mon tour est arrivé, j'ai dit : "Je suis juste policière au Canada." »

Au fil des jours cependant, à mesure qu'augmentaient ses connaissances sur le groupe IRJ, la violence sexuelle et sexospécifique (VSS), le droit international et les droits de la personne, ses doutes sur l'utilité de sa présence se sont dissipés.

« J'ai commencé à comprendre la forte demande que suscitent nos compétences en matière d'enquête et, surtout, notre expérience des techniques d'interrogation, note la cap. Gilarowski. Au Canada, on travaille chaque jour dans un milieu multiculturel. On a le bagage dont a besoin le groupe IRJ, ce qui n'est pas le cas de tous les corps policiers au monde. »

La crème de la crème

En partenariat avec l'Institut pour les enquêtes criminelles internationales, le groupe IRJ offre son cours à des classes qui réunissent 25 spécialistes du monde entier : enquêteurs en matière de criminalité et de droits de la personne, procureurs, spécialistes de l'identité judiciaire, experts en VSS et en droits de l'enfant et spécialistes de la protection des témoins.

Les pays théâtres de génocides, de crimes de guerre et d'autres atrocités de masse sont souvent les moins bien outillés pour traduire les coupables en justice. C'est pourquoi le groupe IRJ recrute des experts et les déploie rapidement partout dans le monde, y compris auprès d'organismes, tels que les Nations Unies, afin qu'ils mènent des enquêtes, établissent des faits ou effectuent des vérifications.

« La formation est l'un des moyens que nous employons pour mettre à la disposition de la communauté internationale des experts chevronnés de grande compétence, capables d'intervenir rapidement dans des dossiers internationaux », explique Andras Vamos-Goldman, directeur administratif du groupe IRJ.

Le groupe profite de son cours pour faire du recrutement dans le but d'ajouter à son effectif les experts qu'il forme. Il sélectionne par voie de concours des participants qui possèdent des compétences précises, déterminées en fonction des besoins de l'heure au chapitre des enquêtes internationales visant des affaires pénales et des violations des droits de la personne.

Depuis qu'il a entrepris ses activités

en 2009, le groupe IRJ a présenté 34 cours. Il compte aujourd'hui plus de 600 experts qui peuvent être déployés rapidement.

Le groupe IRJ a choisi la cap. Gilarowski sur la recommandation de la GRC après l'habilitation requise, puis l'a ajoutée à sa liste d'experts une fois qu'elle avait réussi le cours.

Préparation au déploiement

Le cours met l'accent sur les enquêtes menées en vertu du droit international dans des situations complexes de grand stress survenant pendant ou après un conflit.

Des experts y abordent la façon d'interroger des victimes de VSS pour obtenir les informations nécessaires tout en faisant preuve de sensibilité culturelle à leur égard et en assurant leur sécurité et leur bien-être. « Ce sont des sujets parfois difficiles », observe la cap. Gilarowski.

Le groupe IRJ constitue aussi pour chaque cours une équipe multidisciplinaire et multiculturelle de spécialistes chargés de s'assurer que les participants sont formés dans des circonstances semblables à celles qu'ils affronteront en mission.

« C'est génial, parce que la formation tient vraiment compte des conditions réelles dans lesquelles on se retrouvera », fait valoir la cap. Gilarowski.

Quand un policier canadien est choisi parmi le bassin d'experts pour participer à une mission, comme la cap. Gilarowski, qui a été déployée auprès des Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, la GRC lui donne une formation préparatoire (FP).

Chaque FP est conçue en fonction de la région où les policiers seront déployés et aborde tous les sujets pertinents, depuis la collecte de renseignements personnels, tels que l'ADN et les empreintes digitales, jusqu'à la connaissance de la situation et aux différences culturelles.

« L'objectif ultime est d'assurer une transition sans heurts pour que nos policiers puissent donner leur plein rendement une fois sur place », explique le serg. Darren Kowalchuk, du Groupe de la préparation aux déploiements internationaux de la GRC.

La GRC donne cette formation spécia-lisée aux policiers participants peu importe leur nombre.

« L'affectation de policiers à ces missions fait partie de nos responsabilités internationales en tant que Canadiens, estime le serg. Kowalchuk. Nous avons l'avantage d'avoir des policiers qui ont les compétences et le désir de faire œuvre d'ambassadeurs de bonne volonté à l'étranger. »

Et ces policiers sont très demandés en raison de l'incidence que leur formation spécialisée peut avoir sur les enquêtes.

« Leur participation est gage de qualité, confirme M. Vamos-Goldman. Quand une enquête est menée par des professionnels, la population peut s'y fier. »

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