Vol. 81, Nº 4Avis d'un expert

Policier de la GRC devant un gros canon à eau.

Résolution de problèmes sans fracas

L'enlèvement d'explosif, un travail d'équipe

Quand le serg. Chris Willkie, expert en enlèvement d'explosifs de la GRC, répond à un appel, il doit être prêt à tout. Crédit : RCMP

Le désamorçage d'engins explosifs est l'une des fonctions les plus dangereuses accomplies à la GRC. Qu'il s'agisse d'une seule bombe ou d'une vieille cache de dynamite, les membres du Groupe de l'enlèvement des explosifs (GEE) sont appelés à neutraliser diverses matières dangereuses. Paul Northcott s'est entretenu avec le serg. Chris Willkie, membre du GEE de Winnipeg (Manitoba) depuis 17 ans.

Quel est votre travail?

Nous protégeons les personnes et les biens des dangers des engins non explosés. Notre groupe compte sept membres, et reçoit des appels de tout le Manitoba. Nous ne travaillons généralement pas à Winnipeg, parce que la police municipale a son propre GEE. Nous avons contribué à des enquêtes qui ont abouti à des arrestations. Je suis aussi membre de l'équipe d'intervention en cas d'incident chimique, biologique, radiologique, nucléaire ou explosif, qui examine les incidents qui pourraient avoir des liens avec des activités terroristes.

Quelle est la formation requise?

Tout commence par le cours élémentaire de quatre semaines sur la manipulation des explosifs au Collège canadien de police. Il y a aussi une semaine de formation sur un système de radioscopie qui révèle les détails d'un engin, avant qu'on le neutralise. On y apprend à empêcher une bombe de détoner, et à connaître les composants électroniques associés aux engins explosifs. Ensuite, on en sait assez pour assurer sa sécurité. Mais on en apprend plus durant les appels de service, auxquels on ne répond jamais seul.

Quelles sont les qualités d'un bon expert en explosifs?

Pouvoir résoudre des problèmes, agir calmement, penser clairement et travailler en équipe. On n'a qu'une chance de réussir et il faut être prêt à tout. Il faut prendre du recul et vraiment évaluer la situation.

Quel équipement utilisez-vous?

On a un véhicule antibombe de 24 pieds et 5 tonnes qui transporte tout ce dont on a besoin pour neutraliser une bombe. On a la combinaison antibombe, qui nous protège en cas d'explosion. On utilise des robots qui peuvent examiner l'engin de près; la technologie radioscopique, qui fournit des précisions sur ses composants; et un canon à eau. Quand l'équipe décide de disloquer l'engin avec un canon à eau, elle utilise l'eau pour perturber l'alimentation dont l'engin a besoin pour détoner.

Quel effet ça fait de revêtir une combinaison antibombe?

C'est une combinaison de 90 lb (40 kg), dont l'avant est recouvert de Kevlar et d'une lourde plaque de protection en céramique, conçue pour protéger les organes vitaux en cas d'explosion. Le champ de vision est limité, et les mains ne sont pas protégées, parce qu'on a besoin de toucher les objets. Même sans être claustrophobe, on se sent vite seul après avoir enfilé cette combinaison!

Parlez-moi d'une intervention et de ce que vous avez appris.

On a reçu un appel de Sherridon (Manitoba), au nord de Flin Flon, concernant de la dynamite au sous-sol d'un hôtel désaffecté, qui contenait en fait des milliers de détonateurs. Alors, il faut garder l'esprit ouvert, parce qu'on ne sait jamais ce qu'on va trouver. Les détonateurs étaient tous à base de cuivre et instables. Il y avait près de 15 000 détonateurs dans ce sous-sol minuscule, qui s'était partiellement écroulé. On ne pouvait même pas porter nos combinaisons antibombes. Alors, on a sorti les détonateurs à la main. Ils ont par la suite été détruits à l'aide d'une charge explosive.

Quelle est la plus grande difficulté de ce travail?

Comme il n'y a pas deux engins pareils, il est impossible de savoir ce qu'on va trouver. Mais c'est aussi ce qui rend ce travail très stimulant. Si vous cédez facilement au stress, le GEE n'est probablement pas pour vous. Quand l'équipe est déployée, chacun examine la situation. On en discute, puis on dresse un plan qui convient à tous. Une vision collective est indispensable, parce que ce n'est pas le genre de travail où l'on peut dire « Désolé, on n'a pas trouvé de solution, alors on s'en va. »

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