Vol. 79, Nº 1Reportages externes

Des policiers et des pompiers autour d'un véhicule en flammes.

L’empreinte du stress

Enseigner la résilience aux premiers intervenants

Améliorer la résilience devant le stress extrême est au cœur d'un programme élaboré pour aider les premiers intervenants du pays.

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Que vous soyez une recrue jusqu'ici peu exposée à la tragédie humaine ou un vétéran qui a vécu le stress extrême dans sa carrière, vous pouvez adopter des pratiques propices à la guérison du corps.

Comme l'ont démontré de récentes recherches en neurobiologie, certaines pratiques esprit-corps, notamment en respiration, soutiennent la santé du cerveau et la résilience devant les situations traumatisantes. Pour les premiers intervenants, le défi consiste à être attentifs à leurs propres besoins au-delà de ceux d'autrui et de recourir à ces pratiques pour leur propre bien-être.

Les recherches en neurobiologie montrent les effets du stress grave sur le cerveau, les hormones et les tissus ainsi que les résultats de son accumulation jour après jour. Chacun a ses limites à l'égard du stress, des limites qu'ignoreront souvent chez eux les policiers et autres premiers intervenants.

Symptômes de stress extrême

Tôt ou tard, le corps trahit l'empreinte du stress : souvenirs troublants ou flashbacks; réflexe de retrait pour éviter un rappel extérieur; perte de mémoire et désensibilisation ou sentiments négatifs; hyperréactivité, colère, irritabilité, témérité, insomnie; maladie inflammatoire ou auto-immune; vieillissement accéléré.

Ces réactions du corps peuvent donner lieu à des troubles de la mémoire ou de la cognition, à des difficultés de régulation des émotions, à des comportements déplacés, à une grave perte d'énergie et à un désengagement général.

Souvent, on réprime le stress extrême, ce qui affecte inconsciemment les comportements, les valeurs, le dévouement et le courage. Ces réactions néfastes peuvent se répercuter sur toutes les sphères de la vie de la personne. Ce sont des réactions normales de survie à une situation de stress extrême, mais le corps ne décroche plus du mode « réaction ».

Le programme de résilience stratégique pour les premiers intervenants se penche sur l'incidence du stress extrême sur les premiers intervenants, notamment sur ceux qui relèvent d'un stress post-traumatique.

Le programme offre de la théorie, des stratégies pratiques de prévention primaire et de prévention secondaire à appliquer lorsque le stress s'accumule. Il offre aussi des exercices pratiques pour favoriser la résilience, l'endurance et l'équilibre. L'Université du Nouveau-Brunswick offre dorénavant le programme en partenariat avec son créateur, le collège Langara de C.-B.

Le programme présente cinq protocoles de résilience, chacun favorisant des pratiques aux résultats bons pour la santé. La respiration, par exemple, active le système nerveux parasympathique et favorise l'adaptation à l'instant présent. Cette stratégie est utile en situation de crise, faisant office de premiers soins lors d'un traumatisme, en quelque sorte. Toutes les pratiques enseignées doivent être comprises, vécues et incorporées.

Il faut du temps pour guérir le système nerveux. Si l'esprit travaille vite, les cellules, elles, changent lentement. Et le secret de la résilience réside dans les cellules. Il faut donc adopter les pratiques qui changent l'encodage des cellules. Il faut aussi reconnaître, comprendre et surmonter la résistance au changement, qui part d'habitudes inconscientes, par exemple.

Solutions durables

La société s'est habituée aux solutions rapides, parfois superficielles, aux problèmes de soins de santé. On s'est peu consacré à l'examen des causes profondes et à la création de solutions durables. Le programme de résilience stratégique examine les causes du stress et les incidences des traumatismes. Les agents y apprennent à enseigner à leur organisme, au niveau cellulaire, l'équilibre entre la régulation des émotions et le système nerveux.

Le programme répond aux besoins de résilience des recrues comme des policiers chevronnés. Parler de son vécu y occupe une place importante. Conçu pour une variété de premiers intervenants, le programme peut être adapté à un groupe particulier, par exemple des policiers.

Comme l'a dit un participant « Ce n'est pas normal de penser que ce qu'on fait et qu'on voit est normal. » Il faut une stratégie nouvelle pour réduire l'incidence du stress extrême sur les premiers intervenants. Le programme de résilience stratégique a été conçu pour améliorer l'efficacité au travail et la qualité de vie des premiers intervenants canadiens.

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