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Plusieurs excavatrices sur le site du World Trade Center à New York.

Les enquêteurs de l’affaire Pickton s’inspirent du travail fait à Ground Zero

Les fouilles menées sur le site du World Trade Center à New York ont inspiré le travail d'enquête mené sur la propriété de Robert Pickton en Colombie-Britannique, où la police a trouvé les restes de plusieurs femmes assassinées. Crédit : GRC

Il y a 20 ans, le 11 septembre 2001, les États-Unis étaient frappés par des attentats terroristes qui ont fait des milliers de morts, dont 24 Canadiens. Ces événements ont eu des répercussions dans le monde entier : des vols ont été déroutés, la sécurité a été renforcée et les frontières ont été fermées. Paul Northcott, rédacteur pour la Gazette, a recueilli le récit d'employés de la GRC sur cette journée fatidique et celles qui ont suivi. Découvrez ci-dessous la 4e partie de notre tétraptyque.

Les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux États-Unis ont changé bien des choses dans le monde et notamment la façon dont la police travaille.

Les fouilles effectuées sur le site du World Trade Center à New York ont inspiré celles menées sur la plus grande scène de crime jamais découverte au pays : la propriété de Robert Pickton à Port Coquitlam (C.-B.), où la police a retrouvé les restes de plusieurs femmes assassinées.

« Le travail fait à Ground Zero a déterminé la manière dont il convenait de procéder dans l'affaire Robert Pickton », analyse le surint. Darren Campbell qui, il y a 20 ans, était membre du Groupe de travail sur les femmes disparues (GTFD) en Colombie-Britannique.

Il a tenu à en faire le récit à la Gazette pour souligner le travail des policiers qui se sont rendus à New York.

En février 2002, lors d'une descente sur la propriété de Robert Pickton, des agents de la GRC et du Service de police de Vancouver trouvent des effets personnels de dizaines de femmes disparues dans le Downtown Eastside de Vancouver.

La ferme est en complet désordre : traces de terre fraîchement retournée, épaves de voitures et bâtiments délabrés. En quête d'éléments de preuve supplémentaires, les policiers comprennent vite qu'il va falloir creuser pour aller au fond des choses.

Seulement voilà, aucun plan précis n'a jamais été établi pour localiser, récupérer et examiner les éléments trouvés sur un site de près de sept hectares (17 acres).

« Les policiers ont alors pensé à s'inspirer de ce qui avait été fait à New York quelques mois plus tôt. Là-bas aussi, de nombreuses victimes avaient péri », explique le surint. Campbell.

C'est ainsi que trois policiers se sont rendus à New York du 19 au 21 mars 2002 afin de voir comment on s'y était pris pour récupérer les éléments de preuve.

« C'était surréaliste de se retrouver à cet endroit », se souvient le surintendant à la retraite Wade Lymburner qui était accompagné des sergents majors à la retraite Randy Hundt et Bob Stair. « Il y avait un effort collectif national et la population new-yorkaise témoignait un formidable soutien aux premiers intervenants. »

L'ancien officier explique qu'à New York les enquêteurs utilisaient une grande cribleuse industrielle pour tamiser, trier puis disposer les matériaux et éléments récupérés sur une courroie transporteuse, où ils étaient alors examinés.

Les enquêteurs affectés à l'affaire Pickton se sont inspirés de ce travail en adaptant les méthodes de ciblage pour trier davantage de matière, ce qui a considérablement augmenté le volume d'éléments de preuve récupérés.

Ils ont également fait appel à du personnel civil, comme des opérateurs de machinerie lourde, des ingénieurs et des anthropologues spécialement formés à la récupération de restes humains, pour examiner les matériaux exposés sur le tapis roulant.

Le travail sur la propriété de Robert Pickton a duré des années et mobilisé des centaines d'experts médico-légaux, de pathologistes, de scientifiques, de coroners et d'enquêteurs. Pour autant, Wade Lymburner estime qu'envoyer une équipe à New York était judicieux.

« Ça a changé la façon de faire des recherches de cette envergure », dit-il. « Je crois que la décision de faire appel à des professionnels qualifiés extérieurs au milieu policier a véritablement été la clef du succès de nos fouilles sur la propriété de Robert Pickton. »

Initialement accusé du meurtre de 26 femmes, Robert Pickton a été reconnu coupable, des années plus tard, du meurtre de six d'entre elles. Il a été condamné à la prison à vie, sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.

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