Vol. 80, Nº 4Reportages

Deux enfants caressant un chien.

Doux pitous

Les chiens de thérapie réduisent l'anxiété des victimes

Le recours à un chien d'accompagnement lors des rencontres entre la police et des victimes a pour effet de ralentir le pouls de celles-ci, d'abaisser leur tension artérielle et de normaliser leur respiration. Crédit : GRC

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Pour les victimes d'actes criminels, surtout les enfants, le contact avec un chien de thérapie peut diminuer le stress et l'anxiété que suscite le récit de l'expérience pénible qu'elles ont vécue.

Il a été démontré que la présence d'un chien au pied d'une victime ralentissait son pouls, réduisait sa pression artérielle et régulait sa respiration, la rendant ainsi mieux à même de réfléchir aux questions qu'on lui pose et de raconter avec précision ce qui lui est arrivé.

« C'est la GRC au complet qui en profitera : les déclarations recueillies seront de meilleure qualité, ce qui mènera à de meilleurs témoignages en cour et à de meilleures chances d'obtenir une condamnation », analyse la gend. Holly Erb, gestionnaire des Services aux victimes à Red Deer (Alb.).

Présence apaisante

En mai, après deux mois d'attente, les Services aux victimes du Détachement de Red Deer ont embauché leur premier membre canin. Harley, un affectueux labrador noir, a fêté ses deux ans en posant gentiment la tête sur les genoux d'une fillette de sept ans qui racontait son histoire à la police.

« Lorsqu'un citoyen, mineur ou non, se rend au poste de police, c'est rarement parce que ça va bien, explique Susan Bontje, maîtresse de Harley et adjointe administrative à plein temps au sein des Services. Le voir couché là semble avoir un effet apaisant : il amène les gens à se dire que cet endroit n'est pas si effrayant après tout. »

La victime qui est en contact avec un chien d'accompagnement peut le toucher, le flatter ou simplement le laisser tranquille pendant qu'elle fait ce qu'elle a à faire.

Ce sont les enfants qui semblent bénéficier le plus de la présence de Harley. D'après Mme Bontje, il reconnaît d'instinct les personnes émotivement troublées et va se coucher à leurs pieds.

Harley et sa maîtresse ont le même horaire de travail : du lundi au vendredi, de 8 h à 16 h 30. Il peut se balader comme il veut, mais passe le plus clair de son temps à se reposer sur une natte à côté du bureau de Mme Bontje. Il divertit les employés et les visiteurs, mais il n'est jamais aussi apprécié que lorsqu'une victime vient faire une déposition ou préparer son témoignage en cour.

« La personne qui a été traumatisée par un acte criminel est déjà émotivement fragile, observe la const. Erb, alors si Harley, ou un autre chien de thérapie, n'est pas là pour alléger son stress, elle risque de sortir encore plus traumatisée de son expérience du système de justice pénale. Et ce genre de traumatisme, je pense, peut durer jusqu'à la fin de ses jours. »

Pour l'instant, le groupe de Red Deer ne prête les services de Harley au tribunal que sur demande des procureurs de la ville, mais il espère élargir bientôt ce type d'aide à d'autres régions.

Un soutien sans condition

Comme personne au Détachement de Nanaimo (C.-B.) ne pouvait assumer les fonctions de maître-chien à temps plein, les Services aux victimes du détachement se sont, au printemps 2017, alliés avec Ambulance Saint-Jean pour utiliser ses chiens thérapeutes bénévoles.

Désormais, tous les lundis après-midi, Hudson, un goldendoodle de six ans, passe deux heures calmement assis dans l'entrée du détachement à saluer les gens qui passent. En outre, le groupe d'aide aux victimes sollicite ponctuellement les services de chiens de thérapie pour des tâches précises.

« Les chiens ne jugent pas, leur affection est inconditionnelle, et ils apportent un réconfort que bien des gens sont incapables d'offrir, résume Cheryl Zapotichny, gestionnaire des Services aux victimes de Nanaimo. Ils ont quelque chose de magique. »

Mme Zapotichny se souvient d'un cas où la présence d'un chien avait calmé une victime complètement bouleversée et l'avait aidée à communiquer sa pensée au personnel de soutien.

« À son arrivée, elle était inquiète et pleurait. Mais dès qu'elle s'est mise à caresser le chien et à lui parler, son trouble s'est estompé, raconte Mme Zapotichny. Elle a cessé de pleurer, s'est ressaisie et a réussi à traverser ce moment difficile. »

Selon Doreen Slessor, directrice admini-strative de l'école de zoothérapie Dogs with Wings, un bon chien de thérapie est un chien qui, en plus d'avoir, comme Harley, un bon tempérament et la faculté de lire dans le cœur des gens, est calme, intelligent, avide de travailler, à l'aise en public et capable de dissiper la mauvaise énergie.

Si certains organismes comme Dogs with Wings cherchent à développer ces qualités chez leurs animaux, d'autres recrutent des chiens au chenil ou, à l'instar de Harley, dressent des chiens déjà formés dans le cadre d'autres programmes d'aide thérapeutique.

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