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Un homme portant un masque et des vêtements de protection est assis dans un laboratoire impeccable. Le mur de verre devant lui reflète son image.

L’expert judiciaire gère le risque pour recueillir ce qui compte

Les experts en identité judiciaire de la GRC prennent des précautions avant d'examiner des articles dangereux comme des explosifs ou des drogues. Crédit : RCMP

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Il a fallu des années d'études à Aaron Dove, expert judiciaire à la GRC, pour pouvoir lire les lieux de crime et en tirer les preuves qui permettent aux policiers de faire éclater la vérité.

« C'est une expérience sans pareille, affirme M. Dove, membre de l'Identité judiciaire, détenteur d'une maîtrise en sciences judiciaires de l'Université du Staffordshire depuis 2007. Chaque cas est une énigme qu'on résout à l'aide des preuves qu'on trouve. »

Le s.é.-m. Michael Leben, responsable de la formation au Service intégré de l'identité judiciaire de la GRC, dit qu'il y a environ 280 employés en identité judiciaire au pays.

Certains, comme M. Dove, sont des civils embauchés directement dans une équipe judiciaire. D'autres sont des policiers qui ont choisi de suivre une formation en sciences judiciaires.

« J'en ai toujours rêvé, » avoue le s.é.-m. Tim Walker, qui a commencé au service judiciaire en 2004 et qui était gestionnaire divisionnaire et spécialiste judiciaire principal au Nouveau-Brunswick au moment de sa retraite en 2019.

Le s.é.-m. Walker a tout vu : l'écrasement de la Swiss Air en 1998, des scènes de meurtre, des crimes de toutes sortes. Il sait combien le travail est physique et nécessite une attention soutenue.

« On se plie en quatre pour trouver de la preuve, fait-il valoir en riant. Il faut être méticuleux, très motivé et porter une grande attention aux détails.

Réalités et risques

Après trois ou quatre années aux Services généraux, le policier intéressé peut demander son admission au programme d'apprentissage en identité judiciaire, précise le s.é.-m. Leben.

« Nous voulons que nos stagiaires aient quelques années de travail policier pour qu'ils aient eu l'occasion d'enquêter et de voir des experts judiciaires à l'œuvre, » explique-t-il.

Le stagiaire apprend entre autres à tester et à évaluer des données scientifiques, à chercher des traces d'éléments de preuve physique et chimique, à photographier les lieux de crime, à examiner les empreintes de pneus et de pieds, à rédiger des rapports techniques et à reconnaître les motifs des empreintes digitales.

La formation aide l'expert judiciaire à trouver les éléments de preuve et à se protéger pour manipuler des substances dangereuses comme le fentanyl.

« Avec ce qu'on entend sur les surdoses d'opioïdes, quand on ferme un laboratoire de fentanyl, on a l'impression de fermer une usine d'armes, » assure M. Dove qui travaille de Montréal.

Il rappelle la grande toxicité de cette drogue, 100 fois plus puissante que la morphine.

« Rentrer dans un laboratoire où se synthétise cette drogue multiplie les risques et les défis, précise-t-il. Il faut suivre les protocoles prévus. »

Le s.é.-m. Leben, qui a été appelé à travailler à l'étranger, souligne que les experts judiciaires travaillent à l'occasion dans un contexte horrible.

« Avant d'arriver sur les lieux, il faut se préparer à ce qui nous y attend, insiste-t-il. Avec l'expérience, l'esprit scientifique prend le dessus et on s'emploie à découvrir ce qui s'est passé. »

Témoignage et autres vérités

L'expert judiciaire doit garder tous ses moyens jusqu'en cour, où son travail est mis à l'épreuve par les procureurs et les avocats de la défense.

« C'est tout un stress, avoue le s.é.-m. Walker, qui a témoigné souvent. Mais c'est le travail des avocats de nous questionner. Notre travail, c'est de bien connaître le dossier et la preuve. »

En cours de formation, les stagiaires sont mis à l'épreuve par des experts judiciaires chevronnés dans un procès fictif.

« C'est dur, reconnaît le s.é.-m. Walker. Mais l'idée, c'est de les préparer à ce qui les attend. »

M. Dove précise que le vrai travail n'a rien à voir avec ce qu'on voit à la télé.

« Des émissions comme CSI donnent l'impression que c'est simple, alors que c'est souvent très compliqué, insiste-t-il. Mais l'effort qu'on met à trouver, c'est ce qui rend notre travail intéressant et gratifiant. »

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