Vol. 79, Nº 3Reportages

Policier connectant une unité de disque dur aux fins d'imagerie.

La cybercriminalité en première ligne

Une affaire inspire un cyberatelier

Le Groupe de la criminalité technologique en Nouvelle-Écosse invite les policiers de première ligne à se renseigner auprès de lui sur la manière de traiter un dossier avec un volet technologique. Crédit : GRC

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Les policiers de Nouvelle-Écosse suivent maintenant une formation sur les affaires de cybercriminalité offerte par la GRC. L'atelier d'un jour informe les policiers et les outille pour s'attaquer au moindre dossier à composante informatique ou technologique, qu'il s'agisse de fraude, de vol d'identité, de cyberexploitation d'enfants ou de cyberintimidation.

Offert par le Groupe de la criminalité technologique (GCT) de la GRC, l'atelier sur les enquêtes sur la cybercriminalité explique aux policiers de la GRC et des services de police municipaux quelles ressources sont à leur disposition.

« Le policier de première ligne n'est pas un expert, mais il peut référer le citoyen à une équipe spécialisée, croit le serg. Royce MacRae, responsable du GCT en Nouvelle-Écosse. Tous les policiers doivent savoir quoi faire quand un appel rentre — pour éviter une tragédie comme celle de Rehteah Parsons. »

En 2013, Rehteah Parsons, 17 ans, s'est suicidée après des mois d'intense cyberintimidation. Deux ans plus tôt, à une fête, l'adolescente avait été agressée sexuellement par quatre garçons qui avaient pris une photo de l'agression et la diffusaient sur des médias sociaux.

Informée de l'affaire, la police a enquêté toute une année, mais aucune accusation n'a été portée. Ce n'est qu'après le décès de Rehteah que l'affaire a été rouverte et que deux des garçons ont été accusés et condamnés pour des infractions liées à la pornographie juvénile.

« L'affaire Rehteah Parsons nous a montré qu'il fallait faire de l'éducation, avoue le cap. Christian Hochhold, membre du GCT à l'origine de l'atelier. Les membres opérationnels ne savaient pas par où commencer. »

La bonne direction

L'atelier sur les enquêtes sur la cybercriminalité est un cours intensif d'un jour sur les crimes technologiques, destiné aux policiers, quelles que soient leurs connaissances. On y explique ce qu'est un crime technologique et ce que le GCT de N.-É. peut faire dans à peu près toutes les enquêtes.

« Ce qu'il faut retenir, c'est appelez-nous, résume le gend. Todd Bromley, membre du GCT qui anime l'atelier. Parlez-nous de vos dossiers de violence familiale, de fraude, de vol, de drogues. De nos jours, tous les crimes ont une dimension technologique et nous pouvons vous aider. »

Avec la technologie, les choses se font différemment. La police doit suivre l'évolution de la technologie — et des lois et procédures qui la concernent — pour faire leur travail.

« Prenons une saisie de drogues. Les trafiquants ont des ordinateurs dont ils se servent pour trouver des clients, transférer de l'argent, suivre les fluctuations des approvisionnements, rappelle le gend. Bromley. La technologie les rend plus efficaces, mais elle laisse des traces. Nous enseignons aux policiers comment recueillir cette preuve afin qu'elle puisse servir l'enquête. »

Préserver la preuve

Une fois le crime technologique démystifié, l'équipe des Demandes d'autorisation juridique de la GRC vient parler de jurisprudence mettant en cause la saisie de preuves numériques, d'obtention de mandats de perquisition d'appareils électroniques et de modifications législatives.

« Nous parlons des pièges de nature légale qui peuvent compromettre une enquête, précise le gend. Bromley. Les juristes parlent de la "règle du fruit de l'arbre vénéneux", qui fait qu'on peut perdre la cause en raison d'un élément de preuve qui aurait été mal traité. C'est un terrain miné. Il faut connaître la jurisprudence. »

Le Groupe de lutte contre l'exploitation des enfants dans Internet (GLEEI) vient ensuite expliquer son rôle et inviter les policiers à communiquer sans tarder avec un GLEEI s'ils prennent connaissance d'une affaire qui concerne un mineur et du matériel sexuel explicite.

On montre comment saisir un appareil électronique : il faut soit en extirper la carte SIM ou emballer l'appareil de papier d'aluminium pour éviter une connexion Internet. On aborde aussi les services en ligne et les plateformes des médias sociaux comme Facebook, Twitter et Snapchat, l'information qu'on peut en tirer.

« La formation dissipe le mystère qui entoure ces dossiers, elle donne une procédure étape par étape, estime le cap. Hochhold. Depuis que nous offrons l'atelier, nous avons vu plus d'enquêtes, mieux faites, et plus de preuve correctement saisie et traitée. »

Ce dernier espère que tous les policiers de Nouvelle-Écosse auront suivi l'atelier d'ici la fin de 2017.

« Même submergés de travail, les membres doivent se familiariser avec la technologie, conclut-il. Si vous êtes en première ligne, vous devez apprendre comment préserver la preuve et les données numériques. »

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