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Condamnation d’un Ottavien arrêté par la GRC dans le cadre d’une enquête internationale en matière de pornographie juvénile

Les spécialistes de l'identification de victimes du CNCEE et les groupes de répression de l'exploitation en ligne d'enfants au pays sont des leaders dans leur domaine. Crédit : GRC

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Lorsque des autorités étrangères ont découvert qu'un Canadien semblait lié à un groupe transnational d'agresseurs sexuels d'enfants en janvier 2020, la GRC est entrée en scène.

Cinq mois plus tard, ses agents arrêtaient l'Ottavien Tristan Alexandre Perrier relativement à des accusations de production, de possession et de distribution de pornographie juvénile.

À la tête de l'enquête, le caporal Stephen Ludlow a dû composer avec les complexités inhérentes au travail policier international, au Web invisible et à l'exploitation sexuelle d'enfants en ligne.

« Il fallait établir l'identité du suspect et déterminer son implication exacte », résume-t-il. « Les renseignements étaient vagues et une seule image laissait supposer qu'il s'agissait d'un Canadien. »

Par analyse d'images, les enquêteurs ont déterminé que l'homme, qu'on n'avait pas encore identifié, avait voyagé à l'étranger avec des agresseurs sexuels d'enfants connus et avait passé du temps avec des enfants apparaissant sur des images d'abus.

Exploitant renseignements et techniques d'enquête, les policiers ont fini par identifier le suspect et découvert qu'il produisait du matériel d'abus sexuel d'enfants et était très présent sur le Web invisible, qui n'est accessible qu'avec des logiciels, des configurations ou des autorisations spéciales qui masquent les données d'identification comme la localisation.

« Le Web invisible pose problème parce qu'il offre l'anonymat qui permet de se cacher, notamment des forces de l'ordre », décrypte le cap. Ludlow, spécialiste de l'identification de victimes auprès du Centre national contre l'exploitation des enfants (CNCEE) à la GRC.

Tri du contenu des ordinateurs

Munis de mandats de perquisition, une quarantaine de policiers de la GRC ont saisi au domicile du suspect plusieurs ordinateurs et appareils électroniques renfermant des millions d'images et de vidéos.

Pendant des semaines, huit enquêteurs de la GRC ont ensuite passé au crible les images et les vidéos afin de déterminer l'étendue de l'activité criminelle de M. Perrier. En définitive, plus d'un million de fichiers contenaient des images d'abus sexuels d'enfants.

Le caporal Yany Marchand-Vigneault du CNCEE a travaillé au volet technique de l'affaire, fouillant les ordinateurs et analysant photos et vidéos.

« Vu le volume de données, on s'est servi des outils à notre disposition pour faire un premier tri », explique-t-il.

Si les enquêteurs utilisent en effet des logiciels pour écarter les images d'agressions d'enfants déjà répertoriées lors d'enquêtes précédentes, ils doivent ensuite examiner un à un tous les nouveaux fichiers pour déterminer si leur contenu est illicite.

Le chiffrement constituait un obstacle supplémentaire, puisque M. Perrier n'avait pas communiqué tous ses mots de passe aux enquêteurs.

« Le déchiffrement des fichiers a permis d'étayer les accusations, poursuit le caporal. »

Le juge Robert Wadden de la Cour de justice de l'Ontario a condamné M. Perrier à cinq années et demie d'emprisonnement et a déclaré que ce dernier avait [Traduction] « glorifié et perpétué le souvenir » d'abus sexuels commis sur des enfants démunis en créant des couvertures de magazine tape-à-l'œil illustrant de tels actes, et qu'il avait contribué à « instituer une forme de violence sexuelle, qui s'apparente à de l'esclavage sexuel ».

Identification des victimes

Si les enquêteurs de la GRC ne croient pas que le délinquant ait abusé d'enfants au Canada, ils aident cependant leurs partenaires étrangers à identifier les victimes ailleurs.

« Nous travaillons en temps réel avec d'autres spécialistes de l'identification des victimes dans le monde », confie la cap. Charity Sampson, spécialiste de l'identification de victimes à la GRC qui a travaillé au tri des fichiers dans l'enquête visant M. Perrier.

Le travail est certes difficile, mais le fait de contribuer à extirper d'autres enfants de situations d'abus est source de motivation selon elle.

« Nous visionnons et analysons des millions d'images d'agressions sexuelles d'enfants. La tâche peut sembler écrasante, mais le fait que d'autres enquêteurs ailleurs dans le monde essaient d'aider le même enfant incite à agir rapidement et efficacement pour le retrouver, » conclut-elle.

Malgré leur taille modeste, le Groupe de l'identification des victimes (GIV) et les groupes de répression de l'exploitation en ligne d'enfants de la GRC sont des leaders dans leur domaine. En 2020, les enquêteurs au pays ont identifié 277 victimes canadiennes d'abus sexuel en ligne.

En juin passé, des membres du GIV du CNCEE ont participé à la 9e action ciblée de la Cellule d'identification des victimes d'INTERPOL et aidé à mettre six jeunes victimes à l'abri du danger en plus d'identifier le probable pays d'origine d'une cinquantaine de groupes de fichiers.

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