Vol. 80, Nº 2Reportages

14 personnes assises autour d'une table dans une salle de conférence.

Collaborer pour enrayer la violence des gangs

L'exemple de Maskwacis

Le MIRC de la Nation crie de Samson en Alberta regroupe des représentants d'organismes communautaires, gouvernementaux et de police qui se penchent sur les dossiers à risque élevé qui concernent plus d'un organisme. Crédit : Maskwacis RCMP

Par

En 2012, la Nation crie de Samson à Maskwacis (Alb.) traversait une crise. Les crimes violents et l'absentéisme à l'école battaient tous les records : plus de 300 jeunes étaient membres de 13 gangs dans cette petite communauté des Premières nations de 8000 âmes au sud d'Edmonton.

« Tout indiquait qu'il se passait quelque chose chez les jeunes et nous avons commencé à fouiller la question, explique Vernon Saddleback, chef de la Nation de Samson. Nous devions réfléchir et trouver le moyen d'agir pour changer les perspectives pour notre peuple et nos enfants. »

Intrigués par le succès du modèle intégré de relations communautaires (MIRC) de Prince Albert (Sask.), qui réunit à la même table police et organismes de services communautaires, le chef Saddleback et des membres du Détachement de la GRC à Maskwacis se sont dit qu'il valait la peine de l'essayer.

En septembre, horrifiés de voir les écoles désertées par les élèves, les enseignants ont demandé l'aide du conseil scolaire. Quelques jours plus tard, le MIRC voyait le jour à Samson.

Depuis, le Groupe des interventions communautaires de la GRC à Maskwacis a aidé Ermineskin, une autre réserve de la région, à mettre sur pied son propre MIRC et fait actuellement de même avec les deux autres réserves de Maskwacis.

Travailler ensemble

Une fois par semaine, les MIRC discutent des dossiers que les organismes ne peuvent gérer seuls. Des fournisseurs de services (bien-être communautaire, jeunesse, éducation, logement, soutien du revenu, santé, probation, aide à l'enfance et à la famille) collaborent avec la GRC afin d'accompagner les personnes susceptibles de se faire du mal ou de nuire à leur communauté.

« L'idée, c'est d'intervenir rapidement pour enrayer la criminalité, la violence et la victimisation, analyse la gend. Morgan Kyle, agente de ressources communautaires au Détachement de la GRC à Maskwacis. On se veut proactifs plutôt que réactifs. »

Les dossiers soumis au MIRC présentent au moins trois facteurs de risque entre alcool, drogue, santé mentale, comportements criminels, école buissonnière, logement, association à des gangs et problèmes de parentalité. Une fois le dossier accepté, les organismes compétents s'en saisissent et établissent conjointement un plan d'action.

« Plutôt que de travailler en vase clos, les organismes collaborent à présent; les gestionnaires s'échangent leurs numéros de cellulaire et le nombre de dossiers baisse parce qu'on utilise les bonnes ressources pour résoudre les problèmes, détaille le chef Saddleback, qui préside les réunions du MIRC. »

Combler les lacunes

C'est la GRC qui transmet la plupart des cas aux MIRC puisqu'elle suit les dossiers dans le Système d'incidents et de rapports de police. Analyste de renseignements criminels au Détachement de la GRC à Maskwacis, Christall Paul est chargée du repérage des dossiers.

« Je cherche les dossiers liés à des problèmes de santé mentale, de violence domestique ou de trafic de drogue et je recense les facteurs de risque dans l'histoire de la personne ou de la famille, explique-t-elle. Nous tentons de réagir en amont, en cernant les facteurs de risque élevés avant qu'un incident grave se produise. »

Mais pour cela, il faut qu'il y ait suffisamment de services et de soutien communautaires en place. Et c'est ce que le MIRC a contribué à améliorer à Samson : en cernant les besoins dans la communauté, il a aussi montré les services qui faisaient défaut. C'est ainsi que de nombreux programmes ont été créés.

« À titre d'exemple, on a réalisé que de nombreux incidents qu'on nous signalait la nuit étaient causés par des jeunes désœuvrés, illustre la gend. Kyle. Grâce au MIRC, on a pu multiplier les programmes pour les occuper. »

Le chef Saddleback est catégorique : depuis le lancement du MIRC en 2012, le nombre de gangs et la violence ont beaucoup baissé. Et la communauté est plus encline à parler et à résister maintenant - tout le monde veut une communauté plus sûre.

« Je ne me bats pas contre les criminels, mais contre ce qui les pousse à le devenir », précise le chef Saddleback, avant d'ajouter : Le MIRC a donné aux membres de la communauté les moyens de choisir une meilleure voie. »

Date de modification :