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Un camp pour de jeunes survivants d’abus sexuels

Après une première édition réussie, les organisateurs du camp Espoir espèrent en faire une retraite annuelle. Crédit : Brigadoon Village

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Grâce à un partenariat entre la GRC et une organisation en Nouvelle-Écosse, de jeunes survivants d'abus sexuels et leurs familles ont passé trois jours dans un camp unique en son genre l'automne dernier où ils ont pu s'amuser dans l'eau, griller des guimauves et se ressourcer.

Lors d'une chaude fin de semaine de septembre, 13 personnes (quatre survivants âgés de 5 à 12 ans, trois frères et sœurs et six parents ou tuteurs) se sont rassemblées à Aylesford (Nouvelle Écosse) pour participer à un camp coordonné par Brigadoon Village, une organisation qui vient en aide aux enfants aux prises avec des maladies chroniques et d'autres difficultés. Pour la toute première fois dans le Canada atlantique, l'organisation a offert une retraite aux survivants d'abus sexuels : le camp Espoir.

« Une agression sexuelle peut avoir des répercussions sur toute la famille », affirme le caporal Mark Sobieraj de la GRC, ex-enquêteur spécialisé dans les dossiers d'exploitation d'enfants, qui a eu l'idée du projet. Il explique que les frères et sœurs, en étant interrogés par la police ou mêlés au processus judiciaire, peuvent aussi être fortement ébranlés.

Le but du camp était de permettre aux enfants de s'amuser tout en entrant en contact avec les autres et en acquérant les aptitudes et la confiance nécessaires pour favoriser leur guérison. « Le traumatisme qu'ils ont vécu ne doit pas les définir. Nous voulions les aider à s'en détacher », confie le caporal Sobieraj.

Au cours des trois jours, les enfants ont fait des bricolages, du tir à l'arc, de l'escalade, des promenades dans le bois, ainsi que des feux de camp et ont participé à des jeux autour de ceux ci. « Ils ont ri et se sont bien amusés ensemble », raconte Tiffany MacInnis, responsable du programme de Brigadoon Village. « C'était formidable de les voir interagir. »

Briser l'isolement

De prime abord, le camp Espoir ressemble à n'importe quel autre camp, mais ce qui le rend spécial, c'est son programme (nuitées et activités) adapté aux victimes de traumatismes. Les familles disposaient toutes de beaucoup d'espace, elles avaient la visite de quatre chiens à vocation thérapeutique et pouvaient assister à des séances de sensibilisation.

Des policiers, des partenaires qui œuvrent à la défense des intérêts des enfants et des adolescents, ainsi que des professionnels de la santé mentale ont animé ces séances d'une heure, qui portaient notamment sur le bien-être, la compréhension des traumatismes et les ressources offertes aux victimes et aux familles. Elles ont également permis aux parents et aux tuteurs de rencontrer d'autres personnes ayant vécu des expériences similaires.

« Ce genre de traumatisme isole parce que les survivants et leurs familles ont tendance à le garder secret », explique le caporal Sobieraj. « En les réunissant, on leur a montré qu'ils n'étaient pas seuls. »

Même si le but du camp n'était pas d'obliger les participants à parler des abus subis, c'est inévitablement ce qui s'est passé, en particulier lors des séances de sensibilisation.

« Les parents ont fini par passer la plupart de leur temps à raconter leur histoire », mentionne Mme MacInnis. « C'était dur et émouvant pour eux de déballer tout cela, mais c'était aussi très beau. »

De nombreux commentaires formulés par les parents au terme du camp reprenaient les observations de Mme MacInnis.

« C'était triste d'entendre autant d'histoires, mais c'était bon de savoir que notre enfant n'est pas le seul à vivre ça », a écrit un parent. « C'est une expérience qui bouleverse la vie des familles. »

« Lorsque j'ai dit à notre enfant que l'amie qu'elle s'était faite ici, qui a le même âge qu'elle, avait vécu le même traumatisme, ses yeux se sont illuminés parce qu'elle a compris qu'elle n'était pas seule », a écrit un autre parent.

Origine

Le caporal Sobieraj, qui a enquêté sur les dossiers d'exploitation d'enfants pendant près de cinq ans, a eu l'idée de créer le camp Espoir il y a deux ans.

« Je voyais au quotidien les préjudices que causent les agressions sexuelles aux enfants et aux familles. Je me disais qu'on devait en faire plus pour les aider », confie-t-il. « Lorsque je demandais aux parents comment se portait leur enfant, ils me répondaient bien souvent : " Ouais, ça va ". Dans mon esprit, je me disais : " Il me semble qu'on pourrait faire mieux que ça ". »

Le caporal s'est associé à Brigadoon Village pour obtenir des fonds de l'Initiative de lutte contre la violence familiale de la GRC. Le camp a vu le jour grâce aux fonds obtenus et à la participation de divers autres organismes partenaires œuvrant pour la protection de l'enfance.

Des invitations ont été envoyées aux familles par l'intermédiaire de la GRC, du programme provincial de services aux victimes, du ministère des Services communautaires et de diverses organisations partenaires en Nouvelle-Écosse. Les familles participantes n'ont eu aucuns frais (repas, hébergement et ensemble des activités) à payer.

Camp Espoir 2024

En avril, l'équipe du camp Espoir a reçu une subvention de la Fondation pour la santé mentale de la Nouvelle-Écosse afin d'organiser l'édition 2024 du camp. La planification a déjà commencé. « J'espère que nous pourrons continuer tous les ans. J'aimerais voir des camps comme celui-ci partout au pays », affirme le caporal Sobieraj.

Pour en savoir plus sur la façon de participer au camp Espoir, consultez le site www.brigadoonvillage.ca (en anglais seulement).

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