Vol. 79, Nº 2Reportages

Autopatrouille devant une école.

Application du Plan SAFE dans les écoles

Favoriser l'état de préparation par un exercice de menace

À Campbellton (N.-B.), la GRC a tenu un exercice de fusillade simulée dans une école pour mettre à l'épreuve l'état de préparation des premiers intervenants. Crédit : Ken McGee, Organisation des mesures d'urgance

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Confinement. Confinement. Confinement. Ce mot, répété trois fois, déclenche une procédure dans une école entière. Les corridors se vident, on verrouille et barricade les portes, on éteint les lumières, et élèves et enseignants se cachent en silence.

La fusillade mortelle à l'école secondaire de Columbine en 1999 a transformé la façon dont les écoles et la police réagissent face à un tireur fou. Les forces policières ont convenu qu'une réaction beaucoup plus rapide s'imposait.

« Cet incident nous a fait comprendre qu'il fallait un plan en place », souligne Julie Fraser, du Groupe de la préparation et des interventions opérationnelles de la GRC au N.-B. « Depuis, nous avons adopté le Plan d'action pour les situations d'urgence en milieu scolaire (SAFE). Dans une telle situation, nous devons réagir de façon efficace, proactive. »

L'ordre de confinement met en œuvre le Plan SAFE, une base de données qui renseigne spontanément les premiers intervenants sur toute l'information dont ils ont besoin, par exemple les personnes-ressources de l'école, les plans d'étage, les photos aériennes, les cartes, les procédures de confinement et d'autres renseignements propres à un établissement, dont les aspects tactiques comme l'endroit où établir un poste de commandement.

Le Plan a été lancé à la GRC à l'échelle nationale en septembre 2007. En 2010, lorsque le service de Julie Fraser a été chargé de coordonner la mise en œuvre du Plan au Nouveau-Brunswick, elle en a fait la promotion auprès des policiers de première ligne.

« Afin d'en faciliter l'application concrète, j'ai décidé de lancer des exercices faisant intervenir de multiples organismes », explique-t-elle.

Une formation pragmatique

Le plus récent exercice du genre a eu lieu le 19 octobre 2016 dans une école secondaire désaffectée au Nouveau-Brunswick.

Un homme armé est entré dans l'établissement par la porte principale et a ouvert le feu. L'intrusion a poussé Yves Coulombe, directeur de la polyvalente Roland-Pépin, à donner l'ordre de confinement et à simuler un appel au 911, mettant en branle le Plan SAFE de l'école.

« Même s'il ne s'agissait que d'un exercice, tout le processus a semblé bien réel », souligne le serg. René Labbé, chargé des opérations au Détachement de Campbellton de la GRC. « Les policiers ont réagi avec une émotion intense. »

Arme simulée au poing, les agents de la GRC sont intervenus, prêts à réprimer la menace en appliquant leur formation au déploiement rapide pour action immédiate (DRAI).

Des acteurs ont joué les victimes blessées, étendues au sol, et des enseignants ont participé à la procédure de confinement.

« Ils pouvaient entendre tout ce qui se passait : les coups de feu et les cris des acteurs », précise M. Coulombe.

Les élèves n'ont pas pris part à la simulation, le but de l'exercice étant de mettre à l'épreuve l'interopérabilité entre les premiers intervenants et les organismes partenaires.

Les efforts en valent la chandelle

L'intervention lors d'une fusillade mobilise de nombreux partenaires. Ainsi, outre le personnel de l'école et la GRC, l'exercice a fait intervenir le district scolaire, le service des incendies, Ambulance Nouveau-Brunswick, le service des travaux publics de Campbellton, l'hôpital régional et l'Organisation des mesures d'urgence de la province.

Une fois les tireurs neutralisés (il y en avait deux) et le bâtiment déclaré sûr, les partenaires sont entrés sur les lieux. On a secouru les victimes, qui ont été soumises à un triage et emmenées à l'hôpital.

L'exercice entier, qui simulait les 30 premières minutes d'un incident, a duré environ une heure au total, mais a nécessité trois mois de planification. Outre la coordination sur le plan logistique, Julie Fraser et le serg. Labbé ont mobilisé les organismes partenaires dès le début.

Ils ont organisé une séance d'orientation et un exercice sur table au préalable pour s'assurer que tous les participants comprennent bien leurs rôles et protocoles respectifs.

Et lorsque l'événement s'est terminé, les participants ont pu faire un compte rendu et discuté des rôles et de l'intervention de chacun en soulignant les lacunes à corriger.

« Nous avons tenu cet exercice pour voir si nous étions prêts à intervenir dans ce genre de situation, advenant une crise », explique le serg. Labbé. « Le résultat est éloquent. Nous savons maintenant les points à remédier. »

Si l'école secondaire exécute un exercice de confinement avec les élèves une fois par année, M. Coulombe voulait effectuer la simulation pour mieux comprendre le Plan SAFE et les mesures d'intervention d'urgence.

« Nous devons nous assurer de protéger les élèves et le personnel contre toute éventualité, conclut M. Coulombe. Cet exercice concret nous a permis de nous rendre compte de notre état de préparation. »

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