Vol. 81, Nº 2Reportages

Huit employés de la GRC, certains en uniforme de police, sourient debout dans la neige.

Accès à distance

Apporter aux employés le soutien en santé mentale

Le serg. Jesse Gilbert (au centre) a organisé des séances de counseling en santé mentale pour les employés de la GRC à Fort Smith (T.N.-O.). Crédit : GRC

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Pour les policiers et autres premiers inter-venants aux prises avec la maladie mentale, décider de se faire traiter peut s'avérer difficile.

Il faut d'abord demander de l'aide. Mais quand l'aide est à des centaines de kilomètres, il peut sembler futile d'essayer d'en obtenir.

C'est ce qui a motivé le serg. Jesse Gilbert de la GRC à organiser l'offre de counseling en santé mentale aux employés du Détachement de Fort Smith (T.N.-O.), près de la frontière de l'Alberta.

« Puisqu'on a huit postes, ça me semblait plus logique de faire venir un thérapeute ici que de faire voyager mon monde, explique le serg. Gilbert, chef du détachement. J'adore Fort Smith, mais on n'y trouve aucun soutien en santé mentale. Bien des petites localités ne peuvent pas offrir de soins en santé mentale. C'est ce que j'ai voulu changer, au moins un peu. »

Problèmes et solutions

Comme dans n'importe quel autre ville ou village servi par la GRC, les détachements du Nord reçoivent des appels variés. Il peut s'agir de demandes d'aide banales, mais d'autres sont dramatiques, par exemple des interventions à mener sur les lieux d'un suicide, de violence conjugale, de voies de fait et d'autres situations tendues qui peuvent laisser des marques profondes sur la santé mentale d'un policier.

Les policiers de la GRC ne passent pas inaperçus dans les petites localités, contrairement aux villes où les résidents peuvent ne voir que rarement un policier.

Par ailleurs, les policiers composent avec une culture de travail en évolution. Il reste encore pas mal de policiers qui croient qu'ils doivent être forts, ravaler et passer à un autre appel sans rien laisser paraître.

« Mais on s'emploie à changer ça, insiste le serg. Gilbert. Nous devons rendre des comptes et les membres subissent beaucoup de pression. »

Souhaitant provoquer le changement, le serg. Gilbert a parlé avec le personnel du détachement — et les responsables de la santé de la GRC et du ministère territorial de la santé — de l'importance de la santé mentale et de la thérapie. Avec leur soutien, il a orga-nisé des séances de counseling à Fort Smith, auxquelles les policiers, s'ils le souhaitaient, pourraient discuter de ce qui les préoccupe.

« Enfin, les gens se rendent compte de l'importance de la santé mentale, et qu'il faut s'occuper des problèmes de cette nature, dit-il. Il est important de faire parler les gens. »

On a fait venir un psychologue à Fort Smith. Il a présenté ses services, puis a offert des entretiens privés, sur demande.

Un participant qui a requis l'anonymat s'est dit rassuré de savoir qu'il n'était pas le seul à sentir de l'anxiété par rapport à son travail.

« J'ai assisté à l'exposé et j'ai découvert que d'autres pensent comme moi, constate-
t-il. J'ai aimé entendre des collègues parler de la difficulté qu'ils ont aussi à composer avec ce qu'on vit comme policier. »

Le début de la guérison

Barbara Schmalz, psychologue à la GRC à Calgary, a aidé à organiser l'événement.

« Un policier est un être humain. Il doit s'en rappeler et accepter qu'il peut avoir besoin d'aide, comme n'importe qui, » dit-elle.

Mme Schmalz, qui loue le serg. Gilbert pour avoir coordonné les séances, affirme que la guérison après une crise ou un événement d'envergure commence par l'éducation et la sensibilisation.

« Il faut faire comprendre aux poli-ciers qu'ils ne doivent pas laisser les choses empirer. Il faut fournir aux gens le plus tôt possible l'aide dont ils ont besoin. »

La première séance s'est tenue en octobre 2018 et le serg. Gilbert prépare d'autres rencontres avec des spécialistes en santé mentale.

Il insiste que les employés doivent apprendre à s'aider eux-mêmes.

« Dans les détachements, on est si souvent à court de personnel, personne ne veut s'absenter juste en raison du stress, rappelle-t-il. En s'absentant, ils sentent qu'ils mettent de la pression sur ceux qui restent. Et donc par compassion, ils ne prennent pas de congé de maladie. »

« Mais ils doivent demander de l'aide et éviter d'en arriver à une situation de crise. »

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