Souvenons-nous

29 juin 2018
St. John's (Terre-Neuve-et-Labrador)

Communiqué de presse

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Le sergent-major Doug Pack de la GRC à T.-N. a rédigé cet article quelques années passées pour expliquer à ses collègues d'autres provinces pourquoi le 1er juillet est un jour de commémoration autant qu'un jour de célébration à T.-N.

au Canada, et ailleurs dans le Commonwealth, le 11 novembre est une journée spéciale : c'est le jour du Souvenir, l'Armistice ou, comme nous l'appelons parfois, du coquelicot. Créée en 1919, cette journée se voulait une commémoration de la fin, l'année précédente, de la Première Guerre mondiale, un horrible conflit de quatre longues et terribles années durant lequel périrent plus de gens que jamais auparavant. Elle fut appelée « la dernière guerre », car, à l'époque, personne ne pouvait s'imaginer que l'humanité pourrait un jour en supporter une autre.

guerre affecta presque toute la population du Canada et de ce qui était alors la colonie de Terre‑Neuve. En tant que Terre-Neuvien, je tiens à partager cette histoire avec vous. De 1986 à août 2014, j'ai été affecté à neuf collectivités différentes de la Colombie-Britannique avant d'être réaffecté à la Division « B ». Quand je questionnais les gens sur leur enfance à Terre-Neuve et sur l'ombre que la Première Guerre mondiale jetait sur cette région, ils étaient surpris et même, aussi surprenant que cela puisse paraître, jaloux qu'on se soucie autant d'événements ayant eu lieu plus de 100 ans auparavant.

En 1914, Terre-Neuve était une colonie britannique. À l'époque, 241 000 personnes habitaient l'île, à peine plus que la population actuelle de la région métropolitaine de St. John's, et la capitale, la ville la plus peuplée, comptait seulement 30 000 habitants. Il n'en reste pas moins qu'en 1914, ce petit coin de l'Atlantique Nord forma un régiment d'un peu plus de 800 hommes qui joignirent l'armée britannique. En 1915, le régiment combattit à Gallipoli aux côtés de soldats néo-zélandais et australiens, le seul d'Amérique du Nord à être présent. Ce furent toutefois les événements du 1er juillet 1916 qui marquèrent le Newfoundland Regiment et la population de Terre-Neuve à jamais.

Le 1er juillet à 8 h 45, dans une campagne menée près du village de Beaumont-Hamel, dans la vallée de la Somme en France, afin de faire reculer l'ennemi, le Newfoundland Regiment quitta ses tranchées de St. John's Road et donna l'assaut. Gravissant le flanc du champ de bataille, les soldats s'exposèrent complètement à toute la violence de l'artillerie ennemie. Et ils furent massacrés. En seulement 15 minutes, la force de combat du Newfoundland Regiment fut anéantie. Des 801 hommes partis à l'assaut ce jour-là, seulement 68 purent répondre à l'appel le lendemain. Le commandant de la Division, Sir Henry de Beauvoir De Lisle, écrivit ce qui suit à propos des hommes du Newfoudland Regiment : « Ce fut un magnifique exemple de vaillance exercée et disciplinée, et son offensive a échoué parce que des hommes morts ne peuvent plus avancer. »

D'autres hommes se joignirent au régiment et celui-ci reprit le combat. En 1917, il reçut le nom de « Royal Newfoundland Regiment » en remerciement pour sa contribution à Ypres. Avant la fin de la Guerre, en 1918, la colonie avait envoyé plus de 5 000 hommes en Europe; 2 314 d'entre eux furent blessés et 1 200 moururent. Aucune famille de St. John's, et même de toute la colonie, ne fut épargnée. Maris, fils, oncles, neveux, cousins, amis et voisins ne revinrent jamais.

Non seulement une génération fut-elle détruite, mais une autre ne vit jamais le jour. Beaucoup de familles ne s'en remirent jamais, la disparition de leurs fils ne leur laissant aucun enfant pour transmettre le nom de famille. À certains endroits, des écoles fermèrent leurs portes faute d'étudiants ou de professeurs. Des maisons furent abandonnées, car il n'y avait plus de raison d'y rester, personne n'y reviendrait.

Pour une petite colonie avec si peu de moyens, la réalité fut difficile à accepter. Peuple de la mer, les Terre-Neuviens ont connu leur lot de pertes et de drames, mais rien n'est arrivé, avant ou après, à la cheville de la tragédie du 1er juillet 1916, tragédie que nous n'avons jamais oubliée. Elle fait partie de qui nous sommes.

Comme le 1er juillet est jour commémoratif à Terre-Neuve depuis 1917 (un an avant la création officielle du jour du Souvenir), cette date est restée une journée de commémoration pour les Terre-Neuviens même après leur adhésion à la Confédération en 1949. Ailleurs au pays, 1er juillet rime, bien entendu, avec fête du Canada, journée où on célèbre l'unification de notre nation. À Terre-Neuve, cette journée a deux facettes : une plus sombre portée sur la réflexion et l'autre joyeuse qui se veut une fête.

matin, nous commémorons nos soldats morts au combat comme nous le faisons, avec le reste du pays, le 11 novembre. Des cérémonies, des services et le dévoilement de monuments ont lieu, on dépose des couronnes de fleurs et on assiste à des défilés. C'est en après-midi que nous faisons la transition et que nous célébrons le fait que nous faisons partie de la meilleure nation sur terre. Et c'est cette particularité du 1er juillet à laquelle tiennent la plupart des habitants de Terre-Neuve et qui souligne l'importance de ne jamais oublier le passé : l'excellence ne vient qu'au prix de grands sacrifices.

Le Canada est une grande nation, un endroit merveilleux où vivre. Or, pour que ce rêve devienne réalité, de nombreuses personnes se sont sacrifiées dans des conditions effroyables, et, pour cela, nous leur en serons toujours reconnaissants et jamais nous ne les oublierons.

C'est pourquoi à la fête du Canada, la province de Terre-Neuve-et-Labrador commence par se souvenir du passé.

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