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« Quelqu’un vers qui on pouvait se tourner »

Une membre se démarque au Nunavut

La serg. Yvonne Niego, coordonnatrice de la police communautaire et des médias à la Division V, assure la liaison entre la communauté inuite et la GRC. Crédit : Scott Wight

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Pendant son enfance à Baker Lake, au Nunavut, la serg. Yvonne Niego se souvient d'avoir visité le détachement de la GRC avec son père pour se faire une idée de chaque nouveau membre.

« Toute petite, quand j'allais au détachement, je voyais que les agents de la GRC étaient des personnes très honorables, qui se souciaient des autres, mais qui connaissaient mal la communauté et son histoire, raconte-t-elle. Il y avait un obstacle à la communication. »

Ses interactions avec la police l'ont incitée à transformer en projet de carrière son désir de lever cet obstacle. Elle a d'abord occupé un emploi d'été à la GRC en 1989 et est entrée à la Division Dépôt deux ans plus tard.

Depuis, elle enfile les honneurs, devenant la première Inuite du Nunavut à atteindre le grade de caporal, puis celui de sergent. L'an dernier, elle s'est vu décerner le prix de service communautaire de l'International Association of Women Police.

Changer les choses

Aujourd'hui coordonnatrice de la police communautaire et des relations avec les médias à la Division V, la serg. Niego a passé sa carrière à jeter des ponts entre les communautés inuites du Nunavut et les membres chargés d'y assurer les services de police.

Après sa formation pratique, elle a été affectée au Détachement d'Iqaluit, où Peter Clark, l'actuel commandant de la Division M, était caporal. Il affirme avoir vu d'emblée qu'elle avait un bel avenir comme policière.

« Elle m'a tout de suite donné l'impression d'un immense potentiel, se souvient-il. Yvonne était quelqu'un vers qui on pouvait se tourner en ayant la certitude qu'on obtiendrait une réponse douce, réfléchie et bien exprimée. »

Yvonne Niego est maintenant connue pour son aptitude à faire éclore le potentiel des autres. « Plus jeune, je voulais tout faire moi-même, reconnaît-elle. On finit par comprendre que c'est impossible et qu'on a besoin de se faire aider d'autres membres capables de faire le même travail. Je me suis alors appliquée à montrer aux autres comment faire ce que je faisais. »

Son rôle consiste, entre autres, à collaborer avec les ministères provinciaux de la Santé et de l'Éducation pour intégrer au programme Bouc-lier autochtone de la GRC des éléments culturels adaptés aux jeunes Inuits, de même qu'à présider l'Embrace Life Council, un groupe sans couleur politique créé pour promouvoir la stratégie territoriale de prévention du suicide.

La toxicomanie, l'intimidation et le suicide sont d'immenses problèmes au Nunavut. Depuis la création du territoire en 1999, 500 suicides ont été signalés, un nombre effarant dans une population de moins de 32 000 âmes. Selon Yvonne Niego, le rôle de la GRC dans le programme Bouclier autochtone, l'Embrace Life Council et diverses autres initiatives communautaires contribue de façon vitale à améliorer cette statistique.

« Nos membres sont très actifs dans la communauté, mais comme ils viennent de l'extérieur, ils ont un point de vue un peu plus objectif, fait-elle valoir. Nos statistiques, nous pouvons les présenter aux intervenants qui souhaitent changer les choses ici. »

Inspirer les autres

Selon la surint. Maureen Levy, officière responsable des enquêtes criminelles à la Division V, l'engagement de la serg. Niego est une source d'inspiration pour ceux qui l'entourent.

« Elle ne ménage aucun effort pour accroître la vitalité et la santé des communautés, souligne la surint. Levy. Je la vois aller et j'ai le goût de faire comme elle. On suit un peu son exemple parce qu'on veut apporter le même genre de contribution. »

La serg. Niego dit que penser aux jeunes dans sa communauté natale de Baker Lake la motive à persévérer. « Tout le monde n'a pas eu ma chance, reconnaît-elle. Les jeunes du Nord vivent beaucoup d'épreuves et ont besoin d'un modèle de comportement. Il faut leur proposer une voie qui allie tradition et modernité. »

Peter Clark estime que même au début de sa carrière, Yvonne Niego se démarquait déjà par sa sincérité ainsi que par son désir de rester en contact avec sa communauté et d'en prendre soin.

« J'ai supervisé beaucoup de cadets et de jeunes membres au fil des ans, précise-t-il, et certains d'entre eux semblent vraiment piger. C'est le cas d'Yvonne. Entre membres réguliers, c'est l'un des plus beaux compliments que l'on puisse faire. »

En tant que gestionnaire, la serg. Niego attribue son succès à sa philosophie du leadership.

« Il s'agit de tendre la main aux gens, mais aussi de s'ouvrir à eux, sans quoi il est impossible de changer les choses », résume-t-elle.

Reproduit avec la permission du Pony Express ().

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