Vol. 78, Nº 1Jeunesse

Un policier en face d'une classe d'enfants.

Passer du texto à l'acte

Un outil de mises en situation pour sensibiliser les jeunes à l'intimidation

Le gend. Travise Dow, qui travaille auprès des jeunes dans les écoles, estime que BullyText aide ceux-ci à réfléchir sur leur façon de réagir à l'intimidation. Crédit : James Conrad

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Ce n'est que le début de la journée à l'école, et ta compagne de classe, Zoé, est déjà au désespoir. Au moment de se changer pour la séance d'éducation physique, une autre amie lui dit qu'elle est trop mince et l'accuse de se purger pour perdre du poids. Tu choisis de rire aux éclats plutôt que de passer outre. Zoé sort en courant.

Mais plus tard, tu persuades des amis de ne pas exclure Zoé d'une fête prévue en fin de semaine. Tu reprends le droit chemin.

Il s'agit d'une mise en situation tirée de BullyText, un outil d'apprentissage interactif lancé par cellulaire. Il est accessible à quiconque possède un cellulaire pouvant envoyer et recevoir des messages SMS — ce qu'on appelle des textos.

Créé par Do Something Canada, une organisation ayant pour but d'inciter les jeunes à amorcer des changements sociaux, l'outil s'adresse aux jeunes de la sixième à la huitième. Les utilisateurs sont appelés à faire des choix qui déterminent le déroulement de l'exercice et les conséquences ultimes de la situation.

Le jeu, adopté par les Services natio-naux à la jeunesse de la GRC, a été lancé à l'automne dernier à l'occasion de la Semaine de la sensibilisation à l'intimidation.

« Tout le monde sait que les jeunes aujourd'hui sont très branchés à leur téléphone », explique Louis Zuniga, gestionnaire de la stratégie nationale de la jeunesse de la GRC. « Nous croyons que c'est un outil attrayant pour enseigner aux jeunes à éviter d'être victime ou agresseur, ainsi qu'un jeu divertissant qu'ils apprécieront. »

Avant le lancement du jeu, on en a proposé l'essai aux membres du comité consultatif national sur la jeunesse de la GRC, qui se réunissent dans un forum sûr en ligne pour aborder divers enjeux, dont les drogues, la conduite avec facultés affaiblies et l'intimidation.

« Ce jeu me semblait vraiment génial et créatif », explique une des membres du comité, Meaghan Larkin, âgée de 17 ans.

« Les mises en situation sont très réalistes. Ce jeu pourrait très bien être utilisé lors d'une discussion en classe sur l'intimidation. »

C'est certainement l'un des buts visés par la GRC pour BullyText. Si les cellulaires ne sont habituellement pas vus d'un bon œil dans les cours, cet outil constitue pour les professeurs et les policiers à l'école un moyen stimulant de sensibiliser les jeunes aux dangers de l'intimidation.

« On ne saurait trop insister sur le pouvoir d'un témoin », précise le gend. Travise Dow, un membre de la GRC travaillant auprès des jeunes dans plusieurs écoles du comté de Cumberland, en N.-É. « BullyText incite les jeunes à réfléchir à leurs réactions. Je pense que c'est très important pour eux. En les mobilisant et en leur donnant des moyens d'agir, on fera en sorte d'éviter que des incidents mineurs ne dégénèrent en situation de crise. »

Les élèves peuvent utiliser l'outil individuellement ou en groupe, puis participer à une discussion sur les situations qu'ils ont affrontées. Un plan de leçon est également disponible pour BullyText.

« Si le scénario révèle à la fois la bonne et la mauvaise réponse, il aide aussi le jeune à se rendre compte qu'il est facile de prendre la bonne décision », explique Mikaela Tynski, âgée de 15 ans qui participe aussi au comité consultatif sur la jeunesse.

Le jeu oblige le participant à se demander s'il devrait communiquer la photo supposément laide d'un compagnon de classe, ou s'il devrait faire écho à un ami traitant un autre élève de gai.

Périodiquement, on demande aux joueurs d'examiner leurs choix, que l'outil évalue et remet en question tout au long du processus. Peu importe la décision prise, il est toujours possible de faire un meilleur choix afin de faire bouger les choses.

Les études révèlent que 60 p. 100 des garçons qui se livraient fréquemment à l'intimidation à l'école élémentaire avaient un casier judiciaire dès 24 ans. Les victimes d'un intimidateur sont enclines à éprouver des problèmes de santé ou à l'école, la dépression et, dans des cas extrêmes, à envisager le suicide. De nombreuses victimes d'intimidation disent en subir les séquelles jusqu'à l'âge adulte.

Le jeu BullyText non seulement montre aux jeunes pourquoi ils devraient s'abstenir de blesser autrui, mais en plus il les encourage à tendre la main vers ceux qui se sentent seuls ou isolés.

Je sais pertinemment, ayant dû suivre un cours sans mes amis, que le travail en groupe est difficile et peut être très gênant lorsqu'on n'a pas de partenaire », souligne un autre membre du comité consultatif sur la jeunesse, Alvin Leung, âgé de 17 ans. « Le jeu invite les jeunes à sortir de leur coquille pour épauler les autres. »

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