Vol. 79, Nº 2Reportage

Des policiers de la GRC tiennent des répliques d'armes dans un couloir.

Neutraliser un tireur actif

Former les policiers pour qu'ils sachent affronter une menace

En formation de Déploiement rapide pour action immédiate à la Division Dépôt, les participants apprennent à négocier les couloirs et à entrer dans les pièces à la poursuite d'une menace active, comme un tireur. Crédit : GRC

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Pour être utile, la formation aux interventions en situation d'urgence doit s'arrimer aux crises qu'on connaît de nos jours. À l'École de la GRC, en Saskatchewan, on a rafraîchi la formation au Déploiement rapide pour action immédiate (DRAI) afin d'enseigner aux policiers comment intervenir contre une menace armée active, comme celle qu'on a vue à Mayerthorpe (Alb.), à Moncton (N.-B.) et à La Loche (Alb.). Ce que les policiers doivent retenir, c'est qu'il faut aussi vite que possible établir le contact avec la menace, la prendre à partie et la neutraliser.

On apprend des formateurs que 9 fois sur 10, le tireur est neutralisé par un policier intervenu seul, sans attendre des renforts. Comme le dit la gend. Joanne Lauer qui suit la formation du DRAI : « Tu ne peux pas te permettre d'attendre. Si toi tu ne l'arrêtes pas, qui le fera? Tu ne dois pas te demander si tu peux ou si tu ne peux pas le faire. Il faut que tu fasses ton boulot. »

Le DRAI s'enseigne à la Division Dépôt lors d'une semaine de formation obligatoire pour tous les policiers de la GRC. Sont obligatoires aussi l'épreuve annuelle de qualification au tir, les premiers soins, le maintien des compétences opérationnelles et le programme En route vers la préparation mentale. Par ailleurs, le DRAI a été intégré au programme de formation des cadets.

Trois jours pour se préparer

En novembre dernier, 28 policiers de la GRC sont revenus à Regina pour trois jours de formation pratique et intense en DRAI.

Pour la gend. Lauer, diplômée de l'École il y a à peine trois ans, c'est un retour apprécié. « Je suis fière de revenir ici, dit-elle. Je veux devenir la meilleure policière que je peux être pour mes frères et sœurs au détachement, pour ma famille à la maison, et pour mon pays. »

À voir la camaraderie et les rigolades auxquelles donnent lieu les anecdotes, on oublierait presque le sérieux de ce qui amène ces policiers ici. Il ne faut pas se laisser tromper par l'atmosphère. Ces hommes et ces femmes sont ici pour apprendre comment réagir quand l'inconcevable se produit, comment limiter les dégâts.

Les participants sont répartis en équipes et exécutent une série de scénarios, tous plus stressants les uns que les autres. Ils apprennent à agir en équipe pour négocier les couloirs, entrer dans les pièces, travailler au sauvetage et maîtriser les lieux en poursui-vant la menace.

D'abord armés de répliques, ils prennent de l'assurance avec les encouragements, les conseils et les commentaires constructifs des animateurs. À mesure qu'ils progressent dans les scénarios, les participants travaillent les aspects des tactiques qu'ils doivent améliorer.

À la fin de la première journée, ils ont acquis les fondements. Le second jour, on leur donne des armes à feu inertes et des projectiles de peinture. Les scénarios deviennent plus réalistes.

« Même si ce sont des exercices, il faut faire comme si chaque coup de feu tiré était vrai, observe le gend. Fred Lillie, qui compte 26 années de service. Il faut respirer, repasser ce qu'on sait, penser à ce qu'il faut faire et passer à l'action. »

À la fin de la seconde journée, la plupart des animateurs et des participants sont couverts de peinture, ce qui ne les empêche pas de revoir les temps forts et les points faibles de leurs scénarios.

Le troisième jour, les scénarios deviennent plus complexes. Mais tout le monde y met du sien, observe et encourage les autres à mesure qu'ils exécutent leurs exercices.

Les policiers en formation sont évalués sur leur maîtrise des habiletés apprises, sur leur utilisation sécuritaire des armes à feu et sur leur capacité de communiquer clairement au long des scénarios, en dépit du niveau élevé de stress.

« Je crois en la formation, et la pratique met en confiance, avoue la gend. Anne Daly, policière depuis neuf ans. Ces trois jours nous ont préparés à mieux protéger la population contre ces situations auxquelles on aime mieux ne pas penser. Mais il faut bien y penser, parce que c'est notre travail. »

Même pour les animateurs, la formation est l'occasion de se tenir à jour et de redonner.

« On essaie toujours de s'améliorer, pour aider ceux qui sont sur le terrain, explique la cap. Traci Johnston, instructrice de DRAI à la Division Dépôt. Ceux qui ont suivi et réussi les cours du DRAI et d'instructeur en sécurité publique et policière peuvent venir nous rejoindre à Regina pour devenir des formateurs eux aussi. »

Son dernier scénario terminé, la gend. Lauer est confiante : « S'il devait arriver quelque chose dans ma collectivité, je saurai quoi faire. Je serai prête, et j'aurai le dessus. »

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