Vol. 81, Nº 2Reportages

Un policier et un autre homme main dans la main et souriant devant un avion.

L’essence même du travail policier

La réserve de la GRC, source d'emploi pour les membres à la retraite

Selon le réserviste Al Jagoe (à gauche), ici en compagnie de Colin Gunn, pilote de la GRC, l'un des avantages du Programme de la réserve, c'est qu'il permet de servir dans le Nord. Crédit : Moe Ikkidluak, gendarme spécial

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Le réserviste Al Jagoe savait pertinemment qu'il ne pouvait quitter complètement le travail de police lorsqu'il a pris sa retraite après 35 ans de service à la GRC.

« J'ai ce métier dans le sang », explique-t-il.

Al Jagoe a décidé de se porter candidat à la réserve de la GRC afin de continuer à faire le travail qu'il aime.

Lancé en 2004, le programme recrute d'anciens policiers qui fournissent une aide opérationnelle à court terme lors d'événements spéciaux ou pour remplacer des membres réguliers en congé.

Selon le s.é.-m. Downey Brockelbank, s-.off. resp. du programme, souligne que celui-ci permet à la GRC de combler les besoins opérationnels immédiats sans perturber le reste des détachements.

« Des réservistes nous ont assistés lors du G7. Nous comptons également sur eux en cas de catastrophe naturelle, d'une autre situation d'urgence, ou pour combler temporairement des postes vacants dans les détachements », précise le s.é.-m. Brockelbank.

Polyvalence

Tant les membres retraités ou ayant démissionné de la GRC que d'anciens membres d'autres services de police canadiens peuvent participer au programme, afin de faire la transition du travail à plein temps.

Ils sont nommés réservistes pour trois ans et peuvent travailler selon leur gré lorsque des ouvertures se présentent.

« J'ai travaillé neuf mois par année, mais on peut choisir d'en faire moins », explique Al Jagoe, qui a été affecté à presque tous les détachements au Nunavut depuis son admission à la réserve en 2015.

« Bien des réservistes aiment savoir qu'ils peuvent ne travailler que quelques mois par année, souligne le s.é.-m. Brockelbank. Certains sont des retraités migrateurs qui passent leur hiver au sud ».

Le réserviste assume les mêmes pouvoirs, responsabilités et fonctions qu'un policer régulier. Le salaire est celui d'un gendarme supérieur; le réserviste doit satisfaire aux mêmes normes de santé et de forme physique que le membres actuel.

« Il fait essentiellement le même travail que tout membre régulier armé », explique le s.é.-m. Brockelbank.

On compte actuellement 400 membres dans le programme, mais la GRC espère porter ce nombre à 1 200. Les réservistes doivent avoir au moins deux ans d'expérience dans un service canadien et être diplômé d'une école de police du Canada.

Une participante, Anne O'Shaughnessy, précise que la réserve lui donne l'occasion de travailler dans la police communautaire, ce qu'elle a toujours aimé durant sa carrière antérieure.

« Dans certaines petites localités, nous pratiquons des sports avec les jeunes de l'école de quartier et aidons à organiser le programme de déjeuners », précise-t-elle.

« Si vous souhaitez revenir à l'essence même du travail policier, c'est la façon d'y parvenir, explique Al Jagoe. Un travail rempli de défis, mais combien exaltant ».

Les réservistes peuvent faire profiter le détachement de leur précieuse expérience en agissant comme mentor.

« Nous relatons nos expériences aux membres que nous côtoyons et apprenons les uns des autres », explique Anne O'Shaughnessy.

Un autre réserviste admis au programme en 2015, Jerry McKenna, souligne que l'expérience opérationnelle des réser-vistes leur permet d'établir des liens avec la collectivité.

« Nous offrons notre concours à l'école, au conseil et même à la clinique, au besoin », souligne-t-il.

Voir du pays

Les réservistes sont souvent affectés dans leur province d'attache, mais ils peuvent aussi être appelés dans des détachements à l'autre bout du pays.

Durant sa carrière de plus de 35 ans à la GRC, Jerry McKenna a eu 19 affectations différentes et a déménagé 11 fois. À la retraite, désirant voir encore du pays, il s'est porté candidat à la réserve notamment pour travailler dans le Nord.

C'est un privilège de voir des régions que peu de gens ont la chance de visiter », souligne Jerry McKenna, qui a été affecté à Grise Fiord, le détachement le plus au nord de la GRC.

Anne O'Shaughnessy, qui vit à l'Île-du-Prince-Édouard, dit que c'est l'occasion de voyager qui l'a attirée vers le programme.

« Il y a une telle variété de climats à voir, explique-t-elle. J'ai pu en faire l'expérience sans avoir à demeurer trois ans en poste. »

Pour Al Jagoe, le Programme de la réserve est l'une des meilleures choses qui puisse arriver à un membre retraité.

« L'expérience est formidable, dit-il. C'est l'essence même du travail policier. »

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