Vol. 79, Nº 2Reportages

Deux agents de la GRC avec des chevaux.

Laissés derrière

la nécessité d'un plan d'intervention pour les animaux

Des agents de la GRC s'assurent du bien-être de deux chevaux sur une propriété à Fort McMurray. Durant les feux de forêt, lorsqu'ils le pouvaient, les policiers ont secouru des animaux abandonnés. Crédit : Chris Schwarz, government de l'Alberta

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À peine quelques jours après que les feux de forêt aient mené à l'évacuation de Fort McMurray, en Alberta, un camion tirant une remorque à chevaux s'est arrêté à un barrage routier gardé par des agents de la GRC. Deux hommes sont sortis du camion pour aller parler avec les policiers.

Le sergent Jack Poitras, agent des relations avec les médias de la GRC, a entendu la conversation. Les hommes venaient chercher un cheval qui avait été laissé derrière. Or, pour des raisons de sécurité, personne n'avait l'autorisation de rentrer dans la ville sans escorte policière.

Ce matin-là, lors d'une séance d'information, le serg. Poitras avait appris que les policiers devaient, dans la mesure du possible, aider à secourir les animaux abandonnés. Voilà donc une occasion d'aider qui se présentait.

Le serg. Poitras a retenu son partenaire et lui a dit : « George, nous avons une mission. Si personne d'autre ne peut aider ces hommes à secourir le cheval, nous allons le faire. »

Le cheval avait déjà été déplacé. Secouru dans une étable incendiée où il avait été trouvé debout sur un amas de cendres, le cheval avait été transporté dans une cour au centre-ville, où l'on croyait qu'il serait en sécurité. Cependant, le feu se propageait rapidement et les propriétaires du cheval étaient inquiets.

Le serg. Poitras a donc escorté les hommes, qui ont pu faire monter le cheval dans la remorque. Il les a ensuite accompagnés jusqu'à la sortie de la ville, pour assurer leur sécurité. « On nous a dit que l'enfant à qui appartenait le cheval était extrêmement heureux », a raconté le serg. Poitras.

Fuir la ville

Plus d'un millier d'animaux et d'animaux d'élevage ont été laissés derrière lorsque leurs propriétaires ont dû rapidement évacuer la ville, sans avoir d'abord l'occasion de se rendre à la maison, dans de nombreux cas.

« Des groupes non officiels de bénévoles exerçaient beaucoup de pression pour retourner à Fort McMurray, croyant qu'on ne faisait rien pour aider les animaux, ce qui n'était pas le cas », a affirmé Roland Lines, gestionnaire des communications à l'Alberta Society for the Prevention of Cruelty to Animals (SPCA).

Le soin des animaux à Fort McMurray était la responsabilité de la Municipalité régionale de Wood Buffalo (MRWB). La situation devenant rapidement de plus en plus urgente, la MRWB a vite constaté qu'elle devait trouver les animaux abandonnés et en prendre soin.

Dans les deux jours suivant l'évacuation de la population, la MRWB a mis en place un système sur son site Web, où les évacués pouvaient signaler tout animal devant être secouru. Le formulaire en ligne permettait également à la MRWB d'entrer dans les maisons pour secourir les animaux.

« L'information a été communiquée par les médias sociaux et s'est répandue par le bouche à oreille, a expliqué Matt Lowther, sergent administrateur à la municipalité. En un très court laps de temps, nous avons reçu beaucoup d'information sur des animaux à secourir. »

La municipalité comptait sur environ 25 employés ainsi que sur des bénévoles de groupes de sauvetage officiels, comme la SPCA de l'Alberta, à qui la MRWB a demandé de l'aide. « Le simple fait de s'organiser constituait en soi toute une épreuve, a affirmé le serg. Rich Walkinshaw, des Services des règlements municipaux de la MRWB. On ne se rend pas compte du nombre d'animaux que comprend une collectivité jusqu'à ce que l'on ait à entreprendre une tâche pareille. Nous sommes devenus une grosse entreprise de sauvetage d'animaux. »

En tout, plus de 1 200 animaux ont été secourus et évacués, et des soins sur place ont été prodigués à quelque 250 autres, principalement des poissons et des reptiles. La majorité des animaux évacués étaient envoyés dans un entrepôt établi à Edmonton qui était géré par la SPCA de l'Alberta. C'est à cet endroit que les propriétaires et les animaux étaient réunis.

Planifier en vue de l'avenir

En tout, seulement 25 des animaux signalés n'ont pu être secourus. Cet incident, ainsi que les feux de forêt à Slave Lake en 2011 et l'inondation à High River en 2013 confirment malgré tout le besoin pour les municipalités de mettre en place un plan d'urgence pour les animaux.

« Toutes les municipalités ont des plans d'urgence, mais personne n'a vraiment pensé aux animaux, a dit M. Lowther. Ce qui s'est passé nous a vraiment fait prendre conscience qu'il fallait établir un plan. »

La MRWB, la SPCA de l'Alberta et le ministère de l'Agriculture et du Développement rural de l'Alberta tiennent actuellement des discussions préliminaires avec la province sur l'élaboration d'une trousse de mesures d'urgence visant les animaux. Les municipalités albertaines auront le choix d'adopter ou non ces mesures. La trousse touchera plusieurs secteurs, dont les communications, les transports, la réunification, la gestion des données et les interactions avec les médias.

Cela pourrait donc signifier qu'à l'avenir, les collectivités seront mieux préparées pour s'occuper des animaux. Cela favorisera également la réussite des efforts de sauvetage.

« Les gens aiment profondément leurs animaux, a expliqué M. Lowther. Il importe d'avoir un plan établi et que chaque personne mette en place son propre plan pour s'assurer que ses animaux seront en sécurité. En cas d'urgence, cependant, si des personnes ne peuvent prendre soin de leurs animaux, elles sauront que les services d'urgence veilleront sur eux. »

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