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Publication d’un journal en l’honneur d’un oncle et des Inuits

Dans le cadre du projet de réconciliation, la cap. El Sturko entend publier un journal tenu par feu son grand-oncle qui a travaillé dans le Nord. Le journal comprend des photos et des notes sur la communauté inuite et la vie dans l'Arctique. Crédit : GRC

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La cap. El Sturko était la seule tunique rouge au sein de l'auditoire lorsque le Premier ministre a présenté des excuses pour la « purge » exercée durant des décennies par le gouvernement, forçant des employés à quitter leur emploi à cause de leur sexualité.

La cap. Sturko, elle-même membre de la communauté LGBT, a assisté à cette déclaration en 2017 pour honorer feu son grand-oncle, le serg. Robert David Van Norman, dont la carrière de 17 ans à la GRC a pris fin brusquement en 1964, lorsque l'organisation a su qu'il était gai.

À cette époque, il avait travaillé un peu partout au pays; ses trois jeunes frères ont suivi sa trace en s'engageant aussi à la GRC.

Le serg. Van Norman, qui a travaillé auprès des Inuits dans ce qui est devenu le Nunavut, a documenté son affectation en 1950 à Pond Inlet avec un journal agrémenté de photos et de notes illustrant la vie inuite dans l'Arctique.

La cap. Sturko a entrepris de numériser le journal et ses photos dans une volonté de réconciliation – de sa famille avec la GRC et de tous avec les Inuits.

« C'est mon hommage à David et à l'histoire commune entre la GRC et les Inuits », déclare t elle.

Par ce projet, la cap. Sturko reconnaît le lourd passé de la GRC dans ses relations avec la communauté LGBT et les Inuits, tout en soulignant les progrès réalisés au fil des décennies.

Images de l'Arctique

Les photos du serg. Van Norman illustrent les activités traditionnelles et mettent en vedette les gend. spéc. inuits Joanasie Arreak et Lazaroosie Kyak; ce dernier, qui est membre de l'Ordre du Canada, a aidé les agents de la GRC à s'orienter et à survivre dans l'Arctique.

La cap. Sturko souhaite diffuser son journal dans les communautés du Nord. Elle s'est associée à la Qikiqtani Inuit Association (QIA), qui représente les Inuits dans l'Arctique oriental, pour traduire le journal en inuktitut et le publier en ligne.

Le serg. Van Norman, qui parlait l'inuktitut, a reçu la Médaille du couronnement de la reine pour son œuvre dans le Nord; un rapport de la QIA fait l'éloge de cet agent respectueux à une époque marquée par le racisme.

Il a signalé l'exploitation des femmes inuites par les hommes affectés à la construction du Réseau d'alerte avancé (DEW), un aspect de l'histoire qui n'aurait pas été connu sans son récit.

« Il éprouvait un lien authentique avec la culture inuite et une passion pour le Nord, explique la cap. Sturko. Le respect des peuples était une valeur importante et il a su travaillé en partenariat avec les Inuits. »

Des progrès en perspective

Si les excuses du premier ministre ont été formulées 55 ans après le renvoi du serg. Van Norman, la cap. Sturko dit qu'il les aurait acceptées. Il n'a jamais vilipendé l'organisation, malgré les tourments causés par son renvoi.

« Dave considérait qu'il ne pouvait rien changer à la situation et en a pris son parti, mais il n'a pas poursuivi sa carrière par la suite », explique Jack, le cadet des frères Van Norman qui a pris sa retraite en 1994, après 32 ans de service à la GRC. « On pourrait dire qu'il ne s'est pas vraiment complètement remis de son renvoi. »

Par son projet, la cap. Sturko veut souligner que la situation a bienévolué.

« Nous avons parcouru du chemin depuis l'époque où les personnes LGBT étaient renvoyées de la GRC; aujourd'hui, non seulement je travaille dans l'organisation, mais je suis porte parole de la GRC », souligne la cap. Sturko, agente des relations avec les médias à Surrey, le plus important détachement de la GRC.

« Il est vital de souligner les changements positifs survenus au pays dans les dernières décennies », précise Michelle Douglas, directrice exécutive du fonds Purge LGBT et ancienne membres des forces armées canadiennes qui a dirigé une contestation judiciaire après avoir été renvoyée en raison de sa sexualité. « Le Canada a pris des mesures délibérées pour favoriser la guérison et la réconciliation, et le travail d'El Sturko s'inscrit dans cette démarche. »

La cap. Sturko met la dernière main au journal, puis le soumettra à la traduction avant de le publier.

« J'aimerais faire connaître cette histoire pour montrer comme les choses ont changé; je pense que cela serait conforme aux souhaits de mon oncle, parce qu'il aimait réellement la GRC », souligne t elle.

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