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Faire équipe avec la police des Premières Nations

Cibler le crime organisé autochtone

L'Unité mixte d'enquête sur le crime organisé autochtone travaille auprès de 11 groupes autochtones dans 55 communautés du Québec et collaborera bientôt avec les Métis. Crédit : Julie Laflamme

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En 2014, une équipe spécialisée a infiltré un réseau de narcotrafic à Gespagegiag, une petite communauté autochtone du Québec. L'opération a mobilisé près de 50 policiers qui ont saisi des centaines de médicaments sur ordonnance, de la marihuana et d'autres produits illégaux.

Ce n'est qu'une opération parmi des centaines effectuées par l'Unité mixte d'enquête sur le crime organisé autochtone (UMECO-A) au Québec.

« L'opération a eu un effet considérable, affirme l'agent Tommy Condo, policier autochtone de Gespagegiag actuellement membre de l'UMECO-A. C'est la méthode de travail de cette équipe qui m'a attiré. »

Gérée par la Div. C, l'équipe compte des membres de la Sûreté du Québec (SQ) et de divers services de police des Premières Nations. Les policiers font front commun contre des réseaux de drogue et des orga-nisations criminelles dans 55 communautés autochtones du Québec.

« Chaque communauté connaît des problèmes de toxicomanie et d'alcoolisme, dit l'agente Bianka Sharl-Roy du service de police Eeyou-Eenou détachée auprès de l'UMECO-A. Si nous pouvons les régler à la source, ma communauté ainsi que d'autres y gagneront. »

Les agents Condo et Sharl-Roy ont tous deux signé un contrat de deux ans avec l'UMECO-A, qui engage cinq policiers des Premières Nations du Québec à la fois.

L'objectif est de former ces poli-ciers et de leur permettre d'acquérir de l'expérience en matière d'enquête, plus particulièrement dans les domaines de la drogue et des armes à feu, et de tirer parti de leurs précieuses connaissances sur leur culture et leur communauté.

« C'est un travail synergique, dit le cap. Phil Forest, agent de liaison auprès de l'UMECO-A. Grâce à la formation reçue, les policiers des Premières Nations sont en mesure de gérer des projets et des enquêtes une fois de retour dans leur communauté. »

Partenaires autochtones

L'UMECO-A a vu le jour en 2004 lorsque la GRC a reconnu la nécessité d'améliorer la collaboration entre différents services de police et les communautés autochtones du Québec.

« La communication franche entre les partenaires profite à tous, ajoute le cap. Forest. Elle est essentielle pour la GRC et les autres acteurs. Nous aidons les Premières Nations, et elles nous aident en retour. Tout le monde en sort gagnant. »

L'UMECO-A est située au quartier général de la Div. C à Montréal, où des stagiaires sont jumelés à des policiers et à des enquêteurs chevronnés. Les policiers autochtones, qui font surtout de la patrouille générale, apprennent d'autres fonctions : exécution de mandats, surveillance et entrevues.

« Il n'y a pas d'enquêteurs dans nos communautés, et c'est une des raisons pour lesquelles je suis ici, explique l'agent Condo. Je suis au meilleur endroit pour apprendre, car je travaille avec des gens qui mènent des enquêtes chaque jour. »

Les agents Condo et Sharl-Roy ont tous deux demandé de faire partie de l'UMECO-A après avoir constaté les effets positifs des enquêtes de l'unité dans leur communauté.

« Je ne peux pas acquérir ce genre d'expérience dans les petites communautés autochtones vu le petit nombre d'habitants, ajoute l'agente Sharl-Roy, policière depuis 2011. L'expérience des enquêtes et du travail d'équipe que j'acquiers ici me sera utile plus tard. »

De plus, former les policiers des Premières Nations fait en sorte que les policiers représentent les collectivités servies.

« Les policiers autochtones comprennent les besoins et la culture des Premières Nations ainsi que les facteurs socio-économiques en jeu, ce qui leur permet d'intervenir beaucoup plus efficacement », explique le cap. Forest, lui-même Cri.

Un programme en évolution

Cette dernière année, l'UMECO-A a réorienté ses efforts vers les petites communautés autochtones rurales.
« Il faut s'attarder aux petites communautés où les policiers ne sont pas en nombre suffisant ou ne disposent pas de l'expérience et des ressources nécessaires pour contrer les effets dévastateurs de la drogue », précise la lieutenante Giulia Di Bartolo, off. resp. de l'UMECO-A et membre de la SQ.

La lieutenante Di Bartolo pense que même si dans les grandes communautés, les taux de criminalité sont élevés, le crime organisé trouve d'autres terreaux fertiles. Elle a donc modifié légèrement le programme pour cibler les régions ayant besoin d'aide.

« Depuis, on reçoit plein d'appels, dit-elle. Mon objectif est d'aider le plus de communautés possible. »

Reproduit avec la permission du Pony Express ().

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