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Un jeune garçon vêtu d'un gilet et d'un casque de pompier court en souriant. Une femme se tient derrière lui, souriant également.

Composer avec la perte

Un camp apporte soutien aux familles en deuil d'un membre policier

Le camp FACES offre à la famille des premiers intervenants qui ont perdu la vie en devoir, subitement ou par suicide, la possibilité de se retrouver avec d'autres qui ont subi une épreuve similaire. Crédit : RCMP

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L'été venu, des dizaines de personnes se réunissent dans un camp familial pour surmonter la perte d'un être cher – des premiers intervenants ayant perdu la vie en devoir, de façon soudaine ou par suicide.« Nous n'avons pas choisi de faire partie de ce club, explique Nadine Larche, dont l'époux, le gend. Douglas Larche, était l'un des trois agents de la GRC abattus lors de fusillades à Moncton (N.-B.), le 4 juin 2014.

Les proches de policiers, de pompiers, de paramédicaux et d'autres premiers interve-nants savent que ce sont des métiers risqués. Mais chaque année, certains de ceux-ci perdent la vie inopinément – laissant conjoint et enfants démunis.

C'est l'une des raisons qui a poussé Nadine Larche à venir au camp FACES – Family and Children of Emergency Services – qui permet aux familles éplorées de se retrouver avec d'autres personnes qui ont traversé la même épreuve.

« À mon arrivée, quelqu'un m'a pris sous son aile », précise Mme Larche, qui se dit reconnaissante de pouvoir venir au camp. « La personne m'a dit : Tout va bien aller. Mais sur le coup, on se dit : non, ça n'ira pas, on ne sait pas ce qui va arriver. Puis on se rend compte qu'avec le temps, ça ira et on apprend à surmonter les obstacles. »

Soutien aux familles

Organisé et appuyé par la Canadian Critical Incident Stress Foundation, le camp accueille enfants et conjoints depuis 2015. Enfants et adolescents peuvent prendre part à des jeux et à des activités divertissantes, et la fondation offre des services de conseillers en santé mentale accrédités.

Le soutien se poursuit également de façon informelle au-delà des cinq jours que dure le camp.

Les conjoints et les enfants peuvent échanger des textos, des courriels et des appels tout au long de l'année. En outre, les conjoints sont bienvenus au camp pour le restant de leur vie.

Il y a aussi des rencontres impromptues.

« Il importe de rester en contact; ainsi, quand l'un d'entre nous traverse un moment difficile, nous savons que nous pouvons parler avec quelqu'un qui comprend, explique Mme Larche.

Ses trois filles, âgées de 14, 13 et huit ans, participent au camp depuis quatre ans.

« Elles se sont fait des amis parmi les autres enfants qui ont vécu un drame similaire, et elles aiment ces contacts », précise Mme Larche.

Les filles pourront venir au camp jusqu'à 18 ans. Les coûts liés à l'hébergement, aux repas, aux activités et au transport sont assumés par la fondation.

Mme Larche explique que les besoins affectifs de ses filles, face au deuil de leur père, évoluent avec le temps.

« En grandissant, elles saisissent mieux ce qui est arrivé et apprennent à composer avec cette réalité, explique Mme Larche. Au camp, elles ont la chance de vivre simplement avec d'autres jeunes de leur âge, et si elles ont besoin de parler, elles en ont la possibilité. »

Prendre le relais

Le gend. Peter Neily de la GRC est membre du comité consultatif bénévole du camp. À ce titre, il a aidé à organiser des activités pour les plus jeunes et les ados durant les trois dernières années.

Pour lui, le camp offre un solide soutien aux familles et il se dit impressionné de voir des familles revenir et faire de même auprès des nouveaux participants.

« La première fois, les gens ne sont pas toujours prêts à être ici, explique le gend. Neily. Mais ils restent, puis reviennent l'année d'après, et au troisième séjour, ils offrent à leur tour leur soutien aux autres. C'est formidable de voir cette évolution. »

C'est un rôle que Mme Larche assume déjà.

« Malheureusement, de nouvelles personnes se joignent constamment au groupe. Mais j'ai désormais besoin de tendre la main et de leur dire tout le bien que mes filles et moi retirons du camp », dit-elle; à la mort de son mari, elle s'est senti très isolée; elle continue de souhaiter que la GRC en fasse plus pour soutenir les familles aussi durement éprouvées.

Le gend. Neily ajoute que le camp, qui accueille aussi les familles dont un des membres employé des services d'urgence souffre d'un trouble de stress post-traumatique, reflète le désir des organisateurs de dire aux familles qu'on se soucie d'elles.

« La famille est directement touchée par le travail (de membre de la GRC ou de premier intervenant) », dit le gend. Neily; on s'efforce de garder contact avec celle-ci, durant les périodes difficiles comme les fêtes. La famille fait partie de la communauté élargie de la police et, grâce à un camp comme celui-ci, nous voulons maintenir ce réseau social pour elle. »

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